Pour Biogaz Vallée, le réseau des professionnels de la méthanisation en France, partenaire de ce guide emplois-formations, la formation est une des clés principales de la professionnalisation de la filière. Son président, Jean-Philippe Burtin, et son directeur, Grégory Lannou, nous en expliquent les enjeux et nous rappellent les actions menées.
Fin 2021, la filière biogaz c’est plus de 1 200 sites, plus de 500 entreprises et 10 000 emplois », indique Jean-Philippe Burtin, nouveau président de Biogaz Vallée et fondateur de borea, un cabinet de recrutement spécialisé dans le secteur. Devant l’extension de cette filière, les entreprises doivent recruter de nouveaux talents et leur donner la possibilité de suivre des formations qualifiantes et opérationnelles.
Une filière qui prend tout son sens
Pour cela, nous devons communiquer pour faire connaître le biogaz. Il permet le déploiement d’une véritable économie circulaire et locale avec la production d’énergie renouvelable reposant sur une agriculture durable et, plus largement, sur un recyclage des déchets organiques. Cette filière est en adéquation avec les valeurs actuelles et redonne notamment du sens à tous ceux qui y œuvrent. Grâce à la polyvalence des métiers qui la composent dans des secteurs aussi variés que la biologie, la mécanique, l’agronomie, l’énergie et des postes allant de la conception de projet à l’exploitation ou la maintenance, elle permet en plus à tous les talents de s’épanouir, dans des métiers non délocalisables et durables. Par ailleurs, la filière offre des postes disponibles sur tout le territoire, souvent en milieu rural ou dans de petites villes, ce qui peut aussi être recherché aujourd’hui.
Devant la forte croissance du secteur, le recrutement de talents est important. Pour cela, les entreprises vont chercher dans les domaines autour de la méthanisation, comme l’agriculture ou la gestion de l’eau et des déchets. Les majors de l’énergie comme Engie ou TotalEnergies portent un intérêt croissant pour la filière du biogaz. C’est un signal fort et très positif de la part de ces grandes structures qui amènent leur process et leur démarche qualité. De nombreuses entreprises françaises participent aujourd’hui au développement de la chaîne de valeur du biogaz. La filière régionale – par exemple en Auvergne-Rhône-Alpes – s’est prise en main pour développer une formation nationale de technicien de maintenance biogaz. En pratique, il faut arriver à croiser les outils et à faire se rencontrer la rigueur du monde industriel et l’esprit pragmatique du monde agricole, le tout en rationalisant l’ensemble. « Les rendez-vous des conventions d’affaires de Biogaz Vallée sont faits aussi pour cela », rappelait Xavier Joly, président de Biogaz Vallée de 2018 à 2021. En ce qui concerne la formation, les spécialisations agricoles et biologiques croisent les formations plus industrielles de la maintenance, des automatismes, du numérique. L’économie circulaire, l’énergie renouvelable, le développement de process par la biologie liés au numérique formeront probablement le paysage économique à l’avenir. Toutes les formations ne sont pas à créer, mais il faut donner une couleur « méthanisation » à nombre d’entre elles. Les formations en méthanisation, à la croisée de nombreuses compétences entre industrie et biologie, permettent aussi aux futurs diplômés de travailler dans de nombreux secteurs d’activité. La méthanisation, c’est en fait un panel de métiers différents. « Avec 10 ans d’existence, 103 membres partenaires des filières industrielle, agricole et scientifique, Biogaz Vallée est un pilier pour contribuer à la nécessaire professionnalisation de notre filière. »
Un vivier de recrutement
« Biogaz Vallée a pour mission de fédérer, d’animer et de soutenir les apporteurs de solutions, d’équipements et de services afin d’accélérer le développement de la filière méthanisation et biogaz en France, nous rappelle Grégory Lannou, son directeur. La professionnalisation est une priorité des acteurs de la filière. Or il y a un nombre croissant d’acteurs sur le marché, de tous corps de métiers, parfois nouveaux, pour une filière qui requiert des compétences diverses. Le développement de formations spécialisées est donc une nécessité pour que la filière se construise harmonieusement dans les règles de l’art et baisse ses coûts de production. À côté du label Qualimétha développé par l’ATEE, la formation est au cœur de nos actions.
Ainsi, nous participons activement au groupe de travail “formations biogaz” du Comité stratégique de filière Nouveaux Systèmes énergétiques (CSF NSE) qui est copiloté par Engie et le CTBM. Après l’élaboration de fiches métiers, nous travaillons actuellement sur un guide qui précisera le cadre de référence des formations exigées par les évolutions récentes de la réglementation ICPE. Nous organisons également des formations sur la sécurité et la prévention des risques, en collaboration avec des professionnels membres de Biogaz Vallée comme l’INERIS. Notre présence active sur les évènements et salons spécialisés fait aussi partie de notre mission pour faire connaître les opportunités de la filière. Nous utilisons ces salons, comme Pollutec, Expobiogaz, Bio360, pour rencontrer les talents actuels et en devenir et leur faire connaître les différents métiers et formations, accompagnés des organismes qui les dispensent. Sur le Forum des talents, qui va se tenir pour la quatrième année consécutive en juin 2022 à Expobiogaz, nous exposons par exemple un mur d’offres d’emploi. Les multiples facettes de nos métiers dans la conception, le financement, la gestion du biogaz y sont présentées. Les visiteurs peuvent aussi y rencontrer les organismes de formation de la filière (EPL, IRI, IREO, INERIS…). Dans le cadre du Forum des talents, nous avons pris la température et analysé les offres et le besoin des entreprises. Sur les 73 offres figurant sur le mur de l’emploi en septembre 2021, la moitié concernait le recrutement de techniciens biogaz ou de responsables développement. Ingénieur process, responsable SAV maintenance, chef de projet, responsable chantier, technicien d’exploitation étaient aussi demandés par différentes entreprises : équipementiers, développeurs, exploitants de site, constructeurs ensembliers. Les niveaux requis sont principalement post-bac ou bac + 5 (ingénieurs) pour des postes essentiellement en CDI et un niveau d’expérience majoritairement entre 1 et 3 ans, puis 3 à 5 ans. Ces postes sont répartis dans toutes les régions de France. Nous serons présents également à Nantes pour Bio360 fin mars 2022 et au parc floral de Paris pour Talents for the Planet, avec la sortie de ce guide emplois-formations dont nous sommes les partenaires et qui contribue à informer le plus de monde possible sur notre filière ! »