Agriculteur en Dordogne et vice-président de l’AAMF (Association des Agriculteurs Méthaniseurs de France), Bertrand Guérin, propriétaire d’une unité de méthanisation et d’une station bioGNV, nous partage son expérience.
Quelle est votre activité ?
Bertrand Guérin. Notre exploitation est implantée dans le Sud de la Dordogne, près de Bergerac. Nos activités principales sont l’élevage laitier et la production de noix et de châtaignes. En 2011, nous avons mis en place une unité de méthanisation qui fonctionne en cogénération, produisant 500 kilowatts heure électriques, puis en 2022, une station de bioGNV pour notre flotte de véhicules agricoles.
Pourquoi avoir franchi le cap de la méthanisation ?
Nous avons opté pour la méthanisation afin de diversifier nos activités agricoles et intégrer un volet énergétique à notre exploitation. L’objectif était de valoriser efficacement les effluents d’élevage que nous produisons en grande quantité chaque année, près de 10 000 tonnes, en utilisant cette ressource disponible sur place.
Quel a été l’impact économique ?
D’un point de vue économique, la méthanisation a été un véritable levier. Aujourd’hui, elle génère un chiffre d’affaires équivalent à celui de notre activité agricole principale, à savoir la production alimentaire, et renforce la viabilité économique globale de notre exploitation tout en nous inscrivant dans la transition vers une agriculture plus durable.
Pourquoi avoir investi dans une station bioGNV ?
La mise en place d’une station bioGNV représente un investissement stratégique pour notre exploitation. Actuellement, cette installation est encore en phase de développement et d’ajustement. Bien qu’opérationnelle depuis 18 mois, elle n’a pas encore atteint sa pleine capacité. Nous l’utilisons aujourd’hui pour nos besoins internes, notamment pour nos véhicules utilitaires ainsi que pour notre tracteur qui roule au biométhane.
Notre objectif à long terme est d’étendre son utilisation et de proposer du bioGNV à la vente à l’extérieur et au grand public. Nous avons déjà un partenariat avec l’entreprise laitière et le prestataire de collecte de lait par camion, qui sera notre client principal. Ce projet sera réalisable dès que la station aura atteint sa pleine capacité opérationnelle.
Comment envisagez-vous le futur ?
Nous sommes actuellement en pleine réflexion car notre contrat touche à sa fin dans quelques années. Nous envisageons diverses possibilités, telles que la cogénération avec une optimisation de la production électrique, ou sous forme d’injection directe dans le réseau, ce qui est techniquement possible pour nous, puisque le réseau se trouve à seulement 2,5 km de notre site. Ces questions sont au cœur de nos préoccupations car nous devons trouver une nouvelle organisation pour assurer la continuité de notre exploitation. L’objectif final est de garantir la pérennité de notre activité, tout en restant conformes aux réglementations en vigueur.
Avez-vous quelque à ajouter ?
J’aimerais souligner l’opportunité passionnante que représentent les installations de méthanisation pour les futurs apprenants et pour ceux en quête de métiers innovants et techniquement pointus. Ces installations offrent des emplois de grande qualité, associant des compétences techniques, agronomiques, de conduite d’engins ainsi que de gestion de sites industriels.
La méthanisation offre de nombreuses opportunités d’emploi pour lesquelles une étape de formation est indispensable. Cela ouvre la voie à des emplois qualifiés, bien rémunérés et surtout très enrichissants sur le plan professionnel. En somme, je recommande vivement aux personnes intéressées de considérer les métiers liés à la méthanisation comme une piste prometteuse et passionnante à explorer.