Pour anticiper les métiers de demain, l’AFPA mise sur ses incubateurs de compétences : un dispositif agile pour tester, ajuster et structurer les formations aux nouvelles filières.
Incubateurs de compétences : tester pour mieux former
Les incubateurs de compétences s’inscrivent dans les MNSP (missions nationales de service public) confiées à l’AFPA par le ministère du Travail, via la DGEFP (Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle). Ils permettent d’expérimenter de nouvelles compétences émergentes avant la création, l’adaptation ou l’enrichissement de titres professionnels, sur des niveaux allant du CAP au bac +2 (niveaux 3 à 5, voire 6 et 7 à titre exceptionnel).
Tester, ajuster, certifier
Chaque incubateur débute par une note de recherche et développement régionale, validée ensuite au niveau national.
Une formation issue d’un incubateur est expérimentée sur trois centres AFPA dans trois régions, sur trois sessions consécutives.
Chaque expérimentation est coconstruite avec les entreprises, les DREETS (Directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités), France Travail, les branches professionnelles, les conseils régionaux, les syndicats, les pôles de compétitivité et les équipes de l’AFPA. Réunis en comité de pilotage, ces acteurs collaborent étroitement pour ajuster les contenus, définir les référentiels, concevoir les plateaux techniques et structurer les parcours de formation.
Contrairement à un titre professionnel figé pour 5 ans, les contenus des incubateurs évoluent en continu selon les retours des partenaires et les résultats des stagiaires. Une fois les compétences stabilisées, elles peuvent aboutir à la création d’un titre professionnel ou à l’enrichissement de titres existants.
Le cas de l’hydrogène
Sur les 11 incubateurs en cours, 8 d’entre eux relèvent du secteur industriel dont 6 directement liés à l’hydrogène :
• Responsable technique d’installations hydrogène (création d’un titre professionnel, niveau 5 estimé) ;
• Technicien supérieur de maintenance industrielle – option hydrogène (adaptation d’un titre existant, niveau 5) ;
• Technicien supérieur véhicules industriels hydrogène nouvelles énergies (création d’un titre, niveau 5 estimé) ;
• Technicien réparateur véhicules industriels hydrogène nouvelles énergies (création d’un titre, niveau 4 estimé) ;
• Monteur en tuyauterie et chaudronnerie sur sites sensibles sécurisés (création d’un titre, niveau 3 estimé).
• Les formations de soudeurs, tuyauteurs et chaudronniers ont été adaptées aux spécificités de l’hydrogène, notamment via l’intégration de techniques comme le soudage orbital et le soudage sur inox.
Ces incubateurs ont nécessité la création de plateaux techniques spécifiques (maquettes industrielles, démonstrateurs hydrogène…) ainsi qu’un important travail de formation des formateurs et de constitution de jurys compétents.
Un modèle exigeant mais agile
L’incubateur est un outil d’anticipation : il commence souvent avant que le besoin ne soit exprimé clairement par les entreprises. Ce positionnement engendre cependant des difficultés :
• Recruter des stagiaires éligibles à l’ARE (allocation d’aide au retour à l’emploi) sur des métiers non encore établis ;
• Convaincre les entreprises d’accueillir des stagiaires alors que leurs besoins restent à structurer ;
• Professionnaliser des formateurs sur des compétences encore peu diffusées ;
• Définir des maquettes pédagogiques afin de former aux gestes professionnels.
Les résultats sont probants. Certains incubateurs aboutissent à la révision de titres professionnels existants, d’autres à la création de nouveaux titres. Les stagiaires formés dans le cadre de l’incubateur de compétences expriment leur fierté de contribuer à des métiers et des secteurs d’avenir, en phase avec les besoins émergents du marché.
Une démarche collective et nationale
Dans le cas de l’hydrogène, L’AFPA travaille en lien étroit avec France Hydrogène, l’Observatoire Hydrogène, les Carif-Oref (centres d’animation, de ressources et d’information sur la formation), France Travail, les conseils régionaux et bien sûr les professionnels du secteur.
Si l’hydrogène mobilise autant d’attention, c’est parce qu’il touche à la fois l’industrie, la mobilité, les infrastructures et la transition énergétique. Malgré les retards dans certains projets industriels, la dynamique reste forte, et les compétences développées sont transversales (pétrochimie, gaz, nucléaire…).
L’AFPA est également partenaire de France Hydrogène. À ce titre, toujours dans le cadre de ses missions nationales de service public, elle participe à des AMI CMA du secteur de l’hydrogène (Appel à manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir »), tels que le projet DEF’Hy (développer l’emploi et les formations pour la filière hydrogène), ainsi qu’aux groupes de travail nationaux pilotés par France Hydrogène sur l’observatoire de l’hydrogène, la sécurité et les certifications.
L’AFPA avait amorcé son travail dès 2016, bien en amont du développement industriel de la filière. Malgré les retards côté entreprises, les perspectives restent prometteuses, avec un objectif de 66 000 emplois créés d’ici à 2035 dans l’hydrogène.
Légende de la photo ci-dessus : Démonstrateur hydrogène mobile installé à Metz, conçu en partenariat avec ERM. Ce container itinérant intègre un électrolyseur, une pile à combustible et un système de stockage, et peut être déplacé entre différents centres de formation.



























