Jean-Michel Amaré, président d’Atawey et 1er vice-président de France Hydrogène, partage son parcours et son engagement pour structurer une filière hydrogène pérenne en France et en Europe.
Un parcours visionnaire au service de la mobilité hydrogène
Ingénieur diplômé de l’École des Hautes Études Industrielles de Lille, j’ai débuté ma carrière dans l’industrie pharmaceutique et agroalimentaire. Après 15 années dans ces secteurs, j’ai décidé en 2009, de donner un nouvel élan à ma trajectoire professionnelle en concrétisant mon ambition entrepreneuriale.
Passionné par les énergies renouvelables, j’ai découvert à cette époque l’ouvrage L’Homme symbiotique de Joël de Rosnay. Ce livre, qui imagine un futur où l’hydrogène devient un pilier de la transition énergétique grâce à sa capacité de stockage et de redistribution d’une énergie propre, a agi comme un déclic. Je me suis alors orienté vers cette filière encore émergente, déterminé à m’y engager pleinement.
J’ai ensuite entamé un travail de fond sur les technologies hydrogène et les problématiques liées au stockage. En 2012, avec Pierre-Jean Bonnefond, directeur technique et ancien collègue, j’ai cofondé Atawey – pour « Anytime, Anywhere, Energy ». Ce nom incarne la mission de l’entreprise : proposer des stations de recharge hydrogène accessibles, performantes et adaptées à tous les contextes territoriaux.
Depuis, je pilote le développement d’Atawey avec un objectif : rendre la mobilité hydrogène concrète, accessible et durable. En parallèle je suis vice-président de France Hydrogène depuis 2022. À ce titre, je défends une stratégie industrielle ambitieuse afin d’accompagner la montée en puissance de la filière en France et en Europe, au service de la souveraineté énergétique et de la transition écologique.
Atawey, pionnier de la mobilité hydrogène en Europe
Acteur de référence dans le domaine des stations de recharge hydrogène, Atawey s’est imposé comme un acteur clé européen grâce à une vision claire : accélérer la décarbonation des usages en accompagnant le déploiement de la mobilité hydrogène.
L’aventure a commencé avec une ambition forte : contribuer activement à la transition énergétique européenne. Pour cela, l’entreprise mise sur un savoir-faire industriel ancré en France, une expertise technologique éprouvée avec un parc de 51 stations installées, dont 39 dédiées à la mobilité routière et un accompagnement de proximité auprès des porteurs de projets.
Grâce à l’engagement de ses 150 collaborateur·rices et à une stratégie centrée sur l’innovation, Atawey a développé l’une des gammes de stations hydrogène les plus larges du marché européen, combinant performance, modularité et adaptation aux besoins spécifiques des territoires.
L’entreprise possède 2 usines de production en France, avec une capacité de plus de 80 stations par an. Elle dispose également de plusieurs zones de tests permettant une mise sur le marché rapide de ses stations.
Atawey poursuit aujourd’hui son développement à l’international, avec des filiales en Europe du Sud et en Europe du Nord.
2 rôles, une même vision
Mes rôles chez Atawey et France Hydrogène se complètent naturellement. Ils me permettent de porter la voix des PME : faire remonter leurs préoccupations concrètes, leurs enjeux spécifiques, et de témoigner des réalités de terrain auxquelles elles sont confrontées.
Le fait d’être dirigeant d’une entreprise de la filière me permet également d’aborder ces sujets sans filtre, avec une implication directe et authentique.
Par ailleurs, je suis en charge, chez France Hydrogène, des sujets liés à la mobilité. Cela me permet d’apporter une sensibilité complémentaire à celle des grands industriels, souvent davantage orientés vers les usages liés à l’énergie ou à l’industrie. Je veille ainsi à ce que les spécificités des acteurs de la mobilité – au sens large – soient pleinement prises en compte dans les discussions et orientations de la filière.
Les leviers clés pour accélérer le déploiement
Jusqu’ici, une politique de l’offre a été déployée pour structurer la filière, notamment via la création de gigafactories dédiées à la production de composants essentiels : électrolyseurs, piles à combustible, réservoirs. C’était une étape nécessaire.
Aujourd’hui, il est désormais indispensable d’activer les leviers qui stimuleront la demande.
Parmi eux :
• Le soutien à la production d’hydrogène bas carbone et décarboné, pour en réduire les coûts et rendre le carburant plus compétitif ;
• L’IRICC (Incitation à la réduction de l’intensité carbone des carburants), dont l’objectif est de faire baisser le prix à la pompe pour tous les véhicules bas carbone. Une consultation vient de s’achever, mais les propositions actuelles restent insuffisantes pour accompagner pleinement le déploiement de la mobilité et améliorer directement la compétitivité du carburant hydrogène ;
• Des aides économiques ciblées : un appel à projets soutient actuellement les véhicules utilitaires légers, mais il est essentiel d’élargir ces mécanismes aux véhicules lourds, qui représentent un fort potentiel ;
• Un cadre réglementaire incitatif, avec des obligations de verdissement des flottes, notamment dans les entreprises et les collectivités. L’instauration de quotas de véhicules zéro émission permettrait d’ancrer durablement la demande et de donner de la visibilité aux acteurs.
Une dynamique collective déjà en marche
Pour structurer et accélérer le développement de la mobilité hydrogène, France Hydrogène a mis en place un consortium dédié, baptisé France Hydrogène Mobilité.
Ce groupe de travail, qui réunit environ 60 membres adhérents, se retrouve toutes les 6 semaines.
Sa mission est de faciliter le déploiement de la mobilité hydrogène par :
• La co-construction d’offres adaptées ;
• L’élaboration de plans de développement ;
• Des actions de communication à destination des futur·es utilisateur·rices, des opérateurs de mobilité et des pouvoirs publics.
Ce consortium reflète la diversité des acteurs de la filière : PME, groupes industriels, fabricants de composants, constructeurs de véhicules, énergéticiens, fournisseurs d’infrastructures, opérateurs de réseaux ou encore des acteurs de la mobilité. Cette pluralité de profils permet d’embrasser l’ensemble de la chaîne de valeur et de créer une dynamique collective solide au service d’un objectif commun : décarboner nos transports.
Une filière à construire dans la durée
La filière avance résolument, portée par une dynamique solide, c’est une démarche de long terme, et il serait irréaliste d’attendre de cette technologie qu’elle accomplisse en 5 ans ce que d’autres ont mis 20 ou 30 ans à réaliser.
Il faut faire preuve de patience et de constance dans le soutien à la filière, car l’hydrogène fera inévitablement partie du paysage des mobilités de demain.
Si nous voulons anticiper les enjeux de souveraineté industrielle et économique à l’horizon 5 à 10 ans, il est essentiel de continuer à accompagner activement les déploiements actuels, sans hésiter, ni douter de leur pertinence stratégique.


























