Portée par des projets industriels d’envergure et le développement croissant d’un réseau d’infrastructures, la filière hydrogène poursuit sa montée en puissance.
Une dynamique industrielle en marche
La troisième édition du baromètre France Hydrogène dresse un état des lieux actualisé d’une filière en structuration. Sur le terrain, les signaux de progression se multiplient, en dépit d’un environnement économique et politique marqué par une forte instabilité en 2024.
De nombreux projets sont engagés, les infrastructures se densifient, et les premières gigafactories sortent de terre. La filière amorce ainsi un changement d’échelle, porté notamment par le déploiement de véhicules et les nouvelles infrastructures de distribution. Ce développement s’accompagne d’une dynamique déjà existante de création d’emplois. Bien que la filière demeure confrontée à des freins structurels — notamment liés au cadre réglementaire et à la visibilité financière des projets, les signaux d’industrialisation et de déploiement territorial traduisent une dynamique de fond bien enclenchée.
Production : une montée en puissance
En 2024, la capacité d’électrolyse installée atteint 35 MW, en légère hausse par rapport à 2023 (30 MW). Cette croissance reste modeste mais s’inscrit dans un cycle industriel long, notamment avec l’intégration de la production sur site dans de nouvelles stations comme celles de Dijon ou Étrez (projet Hypster).
Les projets en service, en construction ou ayant obtenu une décision finale d’investissement (FID) cumulent désormais 315 MW, signalant une volonté d’accélération.
En contribuant à la transition de secteurs industriels majeurs, au développement des carburants de synthèse et à la baisse des coûts, l’hydrogène joue un rôle central dans la souveraineté énergétique et industrielle de la France et de l’Europe.
Mobilité : un réseau en expansion
Le déploiement des stations
Le réseau de distribution poursuit son expansion, notamment dans des régions dynamiques comme l’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Bourgogne-Franche-Comté, qui concentrent la majorité des 80 stations actuellement en service — dont 64 dédiées à la mobilité routière. Parmi elles, 17 intègrent une production sur site, témoignant d’une logique de circuit court énergétique. En parallèle, 91 nouvelles stations sont en projet sur l’ensemble du territoire.

Un parc de véhicules qui s’étoffe
En 2024, la France comptait 2 025 véhicules hydrogène en circulation, dont une majorité de véhicules utilitaires légers (1 608). Une flotte de taxis parisiens, représentant 5% du parc total circule toujours dans la capitale.
Sur le segment de la mobilité lourde terrestre, 58 bus, 13 autocars, 7 bennes à ordures et 5 poids lourds ont été déployés. À cela s’ajoutent 3 navires fonctionnant à l’hydrogène, introduits dans le secteur fluvial et maritime. Ces véhicules représentent un maillon essentiel dans le développement de la mobilité hydrogène. Afin d’assurer une utilisation optimale des stations de distribution et éviter leur sous-utilisation pendant cette phase d’amorçage, un soutien aux déploiements de véhicules hydrogène est indispensable.
Usages stationnaires : un levier énergétique qui se développe
En parallèle de la mobilité, les usages stationnaires de l’hydrogène gagnent du terrain. En 2024, 124 installations opérationnelles sont recensées sur le territoire, dont 41 mises en service cette année, pour une puissance totale de 7 MW. Ces systèmes incluent principalement des groupes électrogènes, des chaudières ou des dispositifs de secours (back-up), utilisés dans des secteurs nécessitant une énergie décarbonée ou résiliente.
Ce segment offre des débouchés prometteurs, notamment pour les sites isolés ou les collectivités en transition.
Une industrialisation qui se concrétise
Avec 23 usines d’équipements clés (électrolyseurs, réservoirs, piles, stations) en activité, la France affirme son ambition industrielle. L’ouverture de sites comme HDF Energy à Blanquefort marque une étape vers la production à grande échelle, soutenue par l’émergence des gigafactories. <
Source : France Hydrogène : Baromètre annuel du déploiement de l’hydrogène en 2024.
|
Perspectives 2035 : changement d’échelle en vue À horizon 2035, la filière représentera : - 66 600 emplois - 32 Md€ de chiffre d’affaires - 13 Md€ de contribution au PIB - 70 000 véhicules en circulation, dont 63 000 pour le transport de marchandises. Ces projections illuxstrent le potentiel d’impact socio-économique et environnemental de la filière, à condition de lever les obstacles réglementaires et de renforcer les dispositifs de soutien pour accélérer la structuration de l’écosystème. Stratégie nationale révisée : un cap clair pour 2035 Publiée en avril 2025, l’actualisation de la Stratégie nationale hydrogène témoigne de l’engagement et du soutien renouvelé du gouvernement en faveur de la filière. Elle redonne à cette dernière un cap clair et un cadre structurant afin d’accélérer son déploiement. L’hydrogène y est affirmé comme un levier stratégique essentiel, à la fois pour décarboner l’économie française mais aussi pour répondre aux enjeux croissants de souveraineté énergétique et industrielle. De nouvelles mesures concrètes : - Appel à projets pour les véhicules utilitaires hydrogène dès 2025 ; - Soutien aux carburants de synthèse, notamment pour l’aérien et le maritime ; - Relance de l’appel à projets « Briques Technologiques de l’Hydrogène IDH2 » pour soutenir les composants critiques. Cette stratégie actualisée donne un signal fort aux industriels et aux territoires : l’hydrogène est une priorité nationale sur le long terme. Source : « Impact socio-économique de la filière hydrogène », étude menée par BDO |
|---|


























