Le 19 novembre 2025 à Lyon, six grands opérateurs de stations hydrogène ont officiellement annoncé la création de la Hydrogen Infrastructure Alliance (H2IA). L’objectif : coordonner le développement des infrastructures de ravitaillement en hydrogène et inciter les constructeurs à élargir leur offre de véhicules, afin d’accélérer la transition vers une mobilité hydrogène à l’échelle européenne.
Parmi les membres fondateurs : HYmpulsion, ainsi que les opérateurs Hydri, TEAL Mobility, Fountain Fuel, H2 MOBILITY et Virya Energy. Ces entreprises exploitent actuellement 92 stations de ravitaillement en hydrogène (HRS), destinées tant aux flottes légères que lourdes. L’alliance prévoit la création de 39 stations supplémentaires d’ici 2028, suffisant selon elle pour ravitailler plus de 1 800 camions par jour.
Lever le dilemme “poule ou œuf” de la mobilité hydrogène
Le principal frein à la généralisation des véhicules à hydrogène tient souvent dans un cercle vicieux : sans un réseau de stations suffisant, les constructeurs hésitent à développer des véhicules, mais sans véhicules, les opérateurs n’investissent pas dans les stations. H2IA vise à briser ce dilemme — en développant d’abord l’infrastructure, pour donner confiance aux constructeurs, accélérer la mise sur le marché de véhicules hydrogène, puis provoquer une boucle vertueuse d’adoption.
Cette approche rappelle le déploiement des réseaux de téléphonie mobile au début des années 2000 : une infrastructure dense a permis un usage massif des téléphones, puis, à mesure que l’adoption augmentait, les coûts ont baissé et la technologie est devenue accessible à tous.
Hydrogène et électrique : des solutions complémentaires
Les membres de H2IA insistent sur le fait que l’hydrogène ne cherche pas à remplacer l’électrique, mais à le compléter. Selon eux, l’hydrogène est particulièrement adapté aux usages spécifiques — transport lourd, trajets longue distance, flottes intensives — là où les limites du réseau électrique ou les contraintes de recharge rendent l’électrique moins performant.
Ainsi, la coexistence des deux technologies — batterie-électrique et hydrogène — permettrait de couvrir la diversité des besoins, accélérant la transition vers une mobilité plus durable.
Une ambition européenne portée par un acteur français
Le rôle de HYmpulsion mérite d’être mis en lumière. Déjà pionnière en France via le projet Zero Emission Valley (ZEV), qui vise à déployer une mobilité zéro-émission dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, HYmpulsion étend aujourd’hui son ambition à l’échelle du continent.
Le président de HYmpulsion déclare que, grâce à l’intégration de l’entreprise dans H2IA, le modèle public-privé qui avait fait ses preuves en France pourra désormais être exporté à l’échelle européenne — un signal fort pour la filière hydrogène.
Enjeux & perspectives pour la mobilité durable
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Déploiement rapide d’un réseau paneuropéen : avec 131 stations (92 existantes + 39 prévues), H2IA pose les bases d’un maillage européen cohérent, capable de soutenir le transport longue distance.
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Stimulation de l’offre de véhicules hydrogène : la garantie d’un réseau de ravitaillement incite les constructeurs à proposer davantage de modèles, y compris pour le transport lourd.
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Diversification des solutions de mobilité durable : hydrogène et électrique coexistent, ce qui permet de répondre à des usages variés — véhicules légers, utilitaires, bus, poids-lourds.
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Compétitivité et réduction des coûts : un réseau dense et une montée en volume des véhicules devraient faire baisser le coût global pour les utilisateurs finaux.
Avec la création de la Hydrogen Infrastructure Alliance, l’écosystème hydrogène européen franchit un nouveau cap. En réunissant des opérateurs clés autour d’un objectif ambitieux — bâtir un réseau de stations hydrogène pan-européen d’ici 2028 — H2IA s’attaque directement au principal obstacle qui freine la mobilité hydrogène : le manque d’infrastructures. Si le pari est tenu, l’alliance pourrait jouer un rôle déterminant dans la décarbonation du transport routier, en offrant une alternative crédible aux carburants fossiles et en renforçant la complémentarité entre hydrogène et mobilité électrique.
Pour l’Europe, c’est un signal fort de l’accélération de la transition énergétique. Pour les territoires, une opportunité de s’y préparer — et pour les industriels, un encouragement à innover.




























