Un nouveau rapport publié le 26 novembre 2025 par European Court of Auditors (ECA) alerte : seulement une minorité des États membres de l’Union européenne sont sur la bonne voie pour atteindre les objectifs fixés en matière de recyclage des déchets municipaux et des déchets d’emballages.
Les bons élèves : neuf pays en tête
Selon ce rapport, neuf pays — Autriche, Belgique, République tchèque, Danemark, Allemagne, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et Slovénie — sont “en tête de la course” du recyclage. Ces pays sont jugés comme étant en bonne position pour atteindre d’ici 2025 l’objectif de recycler ou réutiliser 55 % des déchets municipaux, ainsi que 65 % des déchets d’emballages (plastique, métal, papier…).
Ce classement se calque aussi sur les données générales de déchets municipaux, qui montrent que l’écart entre les États de tête et les pays en retard reste très important.
Pourquoi tant de pays restent en retard ?
Le rapport de l’ECA pointe plusieurs obstacles majeurs :
-
Une industrie du recyclage jugée « fragile » dans de nombreux pays, en particulier en ce qui concerne le recyclage du plastique. Le manque de débouchés pour les matériaux recyclés entraîne des prix bas, ce qui dissuade l’investissement et l’utilisation de matériaux recyclés.
-
Une mauvaise gestion des financements publics : des projets de gestion des déchets co-financés par l’Union européenne ont pris du retard, ou ont vu leurs coûts dépasser les prévisions.
-
Un suivi et des contrôles insuffisants : l’European Commission n’a pas mené de visites de conformité sur place depuis plus de dix ans, selon les auditeurs, malgré l’existence de règles communautaires depuis des décennies.
En conséquence, dans plusieurs États — cités dans le rapport — comme Grèce, Pologne, Portugal ou Roumanie, les avancées vers une gestion efficace des déchets municipaux sont qualifiées de lentes.
Les déchets municipaux : une majorité de biodéchets
Selon les données 2022 citées dans le rapport, plus de la moitié des déchets municipaux proviennent de biodéchets (déchets de jardin, déchets organiques) et de papier/carton — soit environ 55 %. Le plastique, souvent au cœur du débat médiatique, ne représente qu’environ 10 % des déchets municipaux. Le bois représente à peu près 8 %.
Ces proportions soulignent que le recyclage ne peut pas se concentrer uniquement sur les plastiques : pour être efficace, il doit inclure le compostage des biodéchets, le recyclage du papier et d’autres matériaux courants.
Vers une relance du recyclage en Europe
Le rapport de l’ECA appelle l’Union européenne à créer les conditions favorables à une véritable industrie de recyclage — c’est-à-dire non seulement la collecte des déchets, mais aussi la demande pour matériaux recyclés. Sans cela, les objectifs de recyclage risquent de rester lettre morte.
Parmi les pistes évoquées :
-
Développer les systèmes de consigne/remise — les « deposit-return schemes » — pour encourager le retour des emballages.
-
Renforcer la responsabilité des producteurs (extended producer responsibility) pour tous les emballages — une mesure déjà obligatoire depuis janvier 2025.
-
Préparer une nouvelle législation de l’économie circulaire — attendue en 2026 — qui pourrait donner un cadre plus solide à l’industrie du recyclage.
Le constat dressé par les auditeurs de l’Union européenne est sévère : malgré cinquante ans de législation sur les déchets, seuls neuf pays sur 27 — moins d’un sur trois — sont en bonne voie pour atteindre les objectifs de recyclage des déchets municipaux et d’emballages d’ici 2025.
Le retard de nombreux États s’explique par des faiblesses structurelles (industrie du recyclage fragile), des financements inadéquats, un suivi laxiste et une demande insuffisante pour matériaux recyclés.
Pour respecter ses ambitions en matière d’économie circulaire et de durabilité, l’Europe doit renforcer tant la collecte que les marchés pour les matériaux recyclés, tout en adoptant des politiques incitatives — y compris pour le recyclage des biodéchets et le recours à des emballages réutilisables.
Consulter le rapport ici.
