Le 10 avril 2025, l’entreprise lyonnaise Methagora a inauguré son premier hub de gaz porté à Ardoix en Ardèche, sur le site central en injection Agritexia 2. Ce hub mutualise la production de 5 unités de méthanisation agricole de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et permet de l’injecter dans le réseau de gaz.
Avec l’innovation du gaz porté, Methagora propose une flexibilisation des réseaux de gaz : le gaz issu d’unités de méthanisation agricole est centralisé sur un même site en injection, formant un « hub ». Le gaz collecté provient de sites de méthanisation agricole environnants (sites satellites) et forme un réseau de valorisation inédit. Celui d’Ardoix regroupe ainsi les productions d’Agritexia 1 et Agritexia 2 (Ardèche), de La Limone (Isère), de Métha CN (Drôme) et de Méthadaines (Haute-Savoie).
Prouesse technique
Ce gaz est épuré, compressé à 250 bars et acheminé par camions-citernes. À son point de livraison, il est détendu et peut être valorisé en injection, directement sur un site raccordé au réseau de gaz exploité par NaTran ou GRDF, comme c’est le cas avec Agritexia 2 (site central du hub Ardoix), en livraison directe auprès d’industriels souhaitant décarboner leurs activités, ou auprès de stations GNV pour un usage mobilité, à destination des camions-citernes, bus, autocars ou voitures.
Cette technique est adaptée aux unités éloignées du réseau d’injection. Elle est aussi une alternative pour l’avenir des unités de cogénération. Comme l’indique Jean-Marc Veyrat, associé de l’unité Méthadaines, « dans la filière cogénération, si nous ne prenons pas de décisions pour changer les choses ou aller vers un autre modèle, nous sommes voués à la disparition. Je ne vois pas d’autre alternative que le gaz porté pour la cogénération. Chez Methagora ils sont sérieux, les travaux ont été bien suivis, depuis l’installations d’équipements jusqu’à la mise en place. »
Un gaz local injecté dans le réseau
Avec son modèle, Methagora contribue à développer l’usage d’un gaz plus vert et répond aux objectifs fixés par le plan national Énergie-Climat. Ces objectifs visent à atteindre une consommation de biométhane en France de 10 à 20 % en 2030, contre 3 % à l’heure actuelle. La flexibilisation de la gestion du gaz permise par Methagora est une des réponses au défi de l’adaptation des réseaux. Le développement en cours de plus de 30 projets montre les intérêts conjoints des agriculteurs méthaniseurs et des entreprises consommatrices de gaz décarboné. « Le modèle propose de nouvelles opportunités : d’une part pour les agriculteurs car il donne une visibilité à long terme, et notamment un nouvel élan économique, et d’autre part pour les industriels et les consommateurs finaux, explique Florent Thouminot, directeur général de Methagora. Le gaz issu des sites de méthanisation agricole assure un approvisionnement sécurisé tout en garantissant sa traçabilité et son origine certifiée en tant que gaz vert. »
Un modèle durable
Le biogaz de 4 sites satellites, situés sur des élevages de vaches laitières, est épuré et compressé sur les sites de production pour être transporté par la route, avec des camions-citernes roulant au GNV, vers le site central, le hub d’Ardoix. Ces sites satellites en cogénération – qui produisent de l’électricité et de la chaleur – sont convertis en unités de production de biométhane. À son arrivée sur le site Agritexia 2, le biométhane est détendu pour être injecté dans le réseau de gaz exploité par GRDF. Methagora prend en charge l’ensemble des investissements financiers pour déployer le modèle. « Je cherchais comment développer mon unité en cogénération, explique Julien Noir, associé du site Metha CN. L’augmentation de la puissance nécessitait des investissements trop importants. La valorisation du biogaz en cogénération [rendement électrique et traitement de la chaleur] est d’environ 30 %. Alors qu’avec l’épuration, on peut moduler notre production et donc valoriser davantage le biogaz produit [90 % avec le gaz porté]. La maintenance, la vente du gaz, les contrats, etc. sont gérés par Methagora, il y a très peu d’investissements de notre part » se satisfait Julien Noir.
Contrat de gré à gré
Le hub Ardoix permet d’injecter annuellement 35 GWh dans le réseau. Cela est rendu possible grâce à un contrat de gré-à-gré, appelé un Biomethane Purchase Agreement (BPA), signé entre Methagora et Renera, la plus importante société suisse indépendante de négoce de biométhane. Ce mécanisme contractuel, entièrement privé, permet la commercialisation du gaz sans aucun coût pour l’État ou le particulier. Methagora ouvre une nouvelle voie en offrant une énergie réellement plus verte, en France et au-delà des frontières. Le hub d’Ardoix a pour ambition de mettre sur le marché 250 GWh d’ici 2028. <




























