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Les nouveaux défis de la logistique. À quoi ressemblera l’entrepôt de demain ?

La logis­tique de la grande dis­tri­b­u­tion fait face à l’énorme défi du dig­i­tal et de l’e‑commerce. L’entrepôt est dès lors devenu le cen­tre de toutes les atten­tions. Automa­ti­sa­tion, robo­t­i­sa­tion… : de nou­veaux mod­èles sont en train d’émerger. À quoi ressem­blera l’entrepôt de demain ?
 
L’automatisation des plates-formes logistiques
 
Face à l’explosion et aux per­pétuelles trans­for­ma­tions du com­merce dig­i­tal, à la den­si­fi­ca­tion des échanges inter­na­tionaux et à l’incontournable ques­tion du développe­ment durable, la logis­tique et l’entrepôt doivent s’adapter. Un grand nom­bre de sociétés ont donc décidé d’automatiser leurs entre­pôts logis­tiques, comme en Alle­magne, en Angleterre, en Suisse ou en Bel­gique. En France, ce mou­ve­ment, plus tardif, prend néan­moins de l’ampleur. Des fac­teurs fonciers (faibles coûts), mais aus­si cul­turels n’avaient pas favorisé la quête de répons­es à don­ner à la prob­lé­ma­tique de l’entrepôt et de sa ges­tion opti­male. La con­cur­rence très forte au sein de l’Union européenne, mais égale­ment dans le monde, et la recherche de gains de pro­duc­tiv­ité accélèrent cette mutation.
 
Dans ce con­texte, la ques­tion de l’automatisation des entre­pôts est au cœur de la stratégie des entre­pris­es de ce secteur. Car elles ont bien com­pris qu’automatiser l’exécution d’une tâche est essen­tiel pour la ges­tion des flux logis­tiques, pour gag­n­er en réac­tiv­ité et donc pour accroître leurs performances.
 
Plusieurs tech­nolo­gies sont à la dis­po­si­tion des entre­pris­es pour gér­er leurs entre­pôts de manière optimale.
 
L’Internet of Things (IoT) ou Inter­net des objets est une véri­ta­ble révo­lu­tion dans le secteur logis­tique. Les objets con­nec­tés sont déjà dans nos vies, nos maisons, nos voitures. Ils investis­sent main­tenant les entre­pôts. L’IoT fonc­tionne grâce à un réseau sans fil à très haut débit/performance et per­met de con­necter tous les niveaux de l’entrepôt, du back-office aux trans­ports et à son sys­tème de ges­tion (TMS). Il existe là encore plusieurs tech­nolo­gies comme la RFID (Radio Fre­quen­cy Iden­ti­fi­ca­tion) qui per­met d’obtenir des don­nées en temps réel, de con­naître l’état des stocks avec pré­ci­sion ou encore de réduire les coûts d’inventaire. Grâce à des cap­teurs de détec­tion et des balis­es Blue­tooth, les équipes peu­vent localis­er les marchan­dis­es beau­coup plus rapi­de­ment. Lorsqu’on sait qu’elles peu­vent pass­er près de 70 % de leur temps à sil­lon­ner l’entrepôt, on com­prend aisé­ment l’énorme avan­tage qu’offre cette technologie.
 
Dans le domaine de l’équipement, les avancées tech­nologiques ont été majeures, que l’on songe aux con­voyeurs, aux trans­stockeurs, aux sys­tèmes de range­ment des palettes dans de hauts racks. Le con­voyeur intel­li­gent « zéro pres­sion » per­met de lim­iter l’accumulation de pro­duits en un point pré­cis du cir­cuit. Des cap­teurs élec­triques gèrent le sys­tème et les sor­ties des pro­duits vers dif­férentes zones. Il n’y a pas d’accumulation de marchan­dis­es, car le con­voyeur fonc­tionne sur com­mande, et non en con­tinu. Le gain d’énergie et l’affaiblissement de la nui­sance sonore sont par­ti­c­ulière­ment intéressants.
 
Robots, cobots, drones… au ser­vice de l’humain
 
Depuis quelques années, le per­son­nel en entre­pôt tra­vaille aux côtés des cobots (pour col­lab­o­ra­tive robots ou robots coopérat­ifs) qui évolu­ent et coopèrent en toute sécu­rité avec les opéra­teurs humains. Plus récente que l’automatisation, cette révo­lu­tion robo­t­ique a de beaux jours devant elle. On estime en effet que son marché pour­rait attein­dre un mil­liard d’euros d’ici à 2020, autrement dit, demain.
 
Si les débuts de la robo­t­i­sa­tion ont été timides, c’est que l’utilisation des robots dans les entre­pôts a été perçue néga­tive­ment par les employés. L’idée d’être rem­placé par une machine avait alors créé un cli­mat plutôt anx­iogène. Mais les cobots offrent une pos­si­bil­ité tout à fait opposée, car ils sont d’abord et avant tout coopérat­ifs, s’inscrivant dans une per­spec­tive d’alliance et non de rem­place­ment de l’être humain.
 
Très poly­va­lents et très sou­ples d’emploi, ces robots de nou­velle généra­tion sont d’une très grande util­ité à la fois pour les ges­tion­naires, mais aus­si pour les opéra­teurs en entre­pôts : chargement/déchargement, inven­taire, kit­ting (assem­blage final per­me­t­tant des économies d’échelle et sim­pli­fi­ant les flux d’approvisionnement sur un même site). L’un de leurs nom­breux atouts est leur util­i­sa­tion pour la pré­pa­ra­tion des com­man­des. Le cobot évolue dans l’entrepôt pour effectuer le pick­ing, suivi de l’opérateur. Dès lors, grâce à leur autonomie de plus en plus grande et à la pré­ci­sion de leurs actions, ils rem­plis­sent des tâch­es dif­fi­ciles, lais­sant aux opéra­teurs celles à forte valeur ajoutée. C’est le robot qui apporte les racks de marchan­dis­es ou d’articles à l’opérateur pick­ing. C’est le fameux goods to man, c’est-à-dire que la marchan­dise va vers l’opérateur et non l’inverse.
 
Ces cobots sont sur le point d’être ren­for­cés par l’arrivée de drones équipés de scan­ners leur per­me­t­tant de réalis­er des inven­taires en con­tinu. L’avantage ? Sim­pli­fi­er la vie des opéra­teurs qui pour­ront dès lors s’atteler à d’autres tâches.
 
L’opérateur, l’humain, est bien au cœur des réflex­ions menées par les entre­pris­es logis­tiques, mais aus­si par celles qui dévelop­pent de nou­velles tech­nolo­gies. Que les esprits cha­grins se ras­surent. Il y aura tou­jours des opéra­teurs dans les entre­pôts et leurs con­di­tions seront d’ailleurs beau­coup plus con­fort­a­bles qu’aujourd’hui. C’est tout leur univers qui est repen­sé. Dimin­uer la péni­bil­ité et la dan­gerosité du tra­vail per­met d’atteindre une pro­duc­tiv­ité durable, par exem­ple en lim­i­tant les arrêts de tra­vail et donc le recours à l’intérim. Les nou­velles tech­nolo­gies vont dans ce sens. Robo­t­ique, automa­ti­sa­tion, drones, mais aus­si pro­jets d’exosquelettes, vestes con­nec­tées aux cobots, sont les out­ils qui remet­tent in fine l’humain au cen­tre des réflex­ions et des préoccupations.
 
Du cen­tre de stock­age au levi­er de compétitivité
 
L’automatisation et la robo­t­i­sa­tion s’accompagnent de solu­tions logis­tiques qui ne cessent d’évoluer pour offrir la meilleure rentabil­ité aux entre­pris­es. Les logi­ciels WMS (Ware­house Man­age­ment Sys­tem) de ges­tion d’entrepôts per­me­t­tent d’optimiser la pro­duc­tiv­ité, les mou­ve­ments, les stocks avec une infime marge d’erreur, la con­fig­u­ra­tion spa­tiale de l’entrepôt, le tri des arti­cles ou des marchan­dis­es, mais aus­si les proces­sus et les opéra­tions quo­ti­di­ennes de l’entrepôt : récep­tions des marchan­dis­es, tâch­es afférentes au stock­age, répar­ti­tion, traite­ment des com­man­des et expédition.
 
Une ges­tion opti­male de l’entrepôt assure la disponi­bil­ité des pro­duits dans un con­texte de forte pres­sion exer­cée par l’e‑commerce, tout en min­imisant les coûts liés à cette disponi­bil­ité. La ratio­nal­i­sa­tion du fonc­tion­nement de l’entrepôt per­met un règle­ment des prob­lèmes, donc une aug­men­ta­tion de la pro­duc­tiv­ité, une exé­cu­tion plus rapi­de des com­man­des, garan­tis­sant un meilleur taux de sat­is­fac­tion client. Autre­fois sim­ple cen­tre de stock­age, l’entrepôt est devenu un levi­er de com­péti­tiv­ité à part entière.
 
L’entrepôt de demain
 
Quel sera l’entrepôt de demain ? En réal­ité, il est déjà en con­struc­tion. Automa­ti­sa­tion, robo­t­i­sa­tion, amélio­ra­tion des équipements dévo­lus aux opéra­teurs : il suit au plus près l’évolution numérique et la recherche dans les nou­velles technologies.
 
Il sera très flex­i­ble et saura répon­dre à la ques­tion du délai dans le traite­ment des opéra­tions. L’objectif est bien de gag­n­er du temps, de suiv­re l’intensification des flux. Il inté­gr­era égale­ment des pro­duits et marchan­dis­es de natures, de tailles, de poids très var­iés. Il sera donc pluridisciplinaire.
 
Il sera en out­re pen­sé pour le long terme (dix ans, voire plus) notam­ment pour amor­tir l’investissement : infra­struc­tures et matériels ne peu­vent pas être obsolètes au bout de cinq ans.
 
La haute qual­ité envi­ron­nemen­tale (HQE) est déjà au cen­tre de toutes les atten­tions. L’entreprise est gag­nante économique­ment si elle prend soin de gér­er la con­struc­tion de son entre­pôt, de  bien choisir les matéri­aux util­isés et de répon­dre aux critères HQE.
 
Loin d’être rem­placé par les machines, l’humain aura plus de place et ses con­di­tions de tra­vail seront repen­sées, tout comme le cadre dans lequel il évolue : organ­i­sa­tion de l’entrepôt, lumi­nosité, sécu­rité. L’entreprise gagne à met­tre l’humain au cen­tre de sa réflex­ion, ne serait-ce qu’en ter­mes économiques.
 
L’entrepôt sera géo­graphique­ment bien situé. De taille réduite, il sera au cœur des villes et devra répon­dre aux impérat­ifs liés à la logis­tique urbaine et notam­ment au « dernier kilo­mètre ». De taille plus grande, il sera con­stru­it en périphérie des villes, dans des bassins d’emploi intéres­sants et proche des hubs de trans­porteurs. Là encore, le gain de temps sera essentiel.
 
Enfin, il pour­ra être mutu­al­isé entre plusieurs com­man­di­taires. Le partage des frais de struc­tures est un atout indé­ni­able dans les économies d’échelle.

À propos de l'auteur

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Par la rédaction de Ecologistics.
Associant des articles d’analyse spécialisés et des entretiens de décideurs économiques et politiques, EcoLogistics est aujourd’hui la seule revue française entièrement consacrée à l’innovation dans le secteur de la logistique et du transport.

Elle traite tout à la fois de la révolution technologique des drones en matière de transport de marchandises, du stockage 4.0 et de l’intelligence artificielle comme outil d’aide à la décision logistique. La revue aborde également l’ensemble des problématiques relatives à la transition énergétique du secteur transport avec une valorisation des ENR et des moteurs innovants, tous véhicules de transport(s) confondus : GNV/bioGNV, hydrogène, électrique…

L’informatique (logiciels WMS/TMS) est également valorisée et, plus globalement, la transition numérique s’avère être au cœur de nos prérogatives.

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