Le dernier kilomètre est un véritable défi dans la logistique urbaine et la livraison dans les centres-villes. Dans un contexte marqué par la mobilité et le développement durables, la chasse aux mètres carrés non utilisés dans les centres urbains pourrait être une solution pour se rapprocher des consommateurs.
La logistique urbaine et les livraisons du dernier kilomètre sont en plein essor depuis une dizaine d’années avec une croissance estimée à 10 % par an. La raison d’une telle croissance ? L’explosion de l’e‑commerce, le commerce en ligne. En 2017, 500 millions de colis liés à l’e‑commerce ont été livrés en France. Et ce chiffre n’est pas près de baisser. Cette situation a pour premier corollaire une forte augmentation de la pollution dans les centres urbains, avec de nombreux problèmes de santé publique. Ces flux de marchandises en constante augmentation ont également des répercussions sur l’urbanisme, les réseaux routiers, les infrastructures, etc.
Explosion de la logistique urbaine
Or, pour 72 % des acheteurs en ligne, le critère le plus important est la livraison, et notamment la livraison à domicile (66 %). C’est d’ailleurs un moyen de fidéliser les clients qui n’hésiteraient pas à changer de fournisseur pour des délais et des conditions de livraison plus courts et plus avantageux. Dernière étape de la supply chain, le dernier kilomètre est donc un véritable enjeu en termes de fiabilité du temps de livraison, d’horaires, de lieu (domicile, point de ramassage le plus proche, etc.), de pollution et de coûts.
Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), la livraison du dernier kilomètre représente 25 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) et un tiers de celles de CO2.
Le dernier kilomètre est aussi très coûteux. Entre 20 et 50 % du coût total de la supply chain lui sont consacrés. Pour les entreprises spécialisées dans le transport, l’objectif est de livrer les marchandises en limitant la congestion routière, notamment dans les centres urbains, et donc l’empreinte environnementale, tout en restant économiquement rentables.
La proposition de loi portant sur le Pacte national de revitalisation des centres-villes et des centres-bourgs, adoptée par le Sénat en 2018, prévoit dans son article 27 la création d’une taxe sur les livraisons dans le cadre du commerce électronique. Cette taxe doit être calculée en fonction des kilomètres parcourus (excepté pour les entreprises ayant un chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’euros ou pour des livraisons avec des modes de transport propres).
Un fort besoin en mètres carrés
Dans ce contexte, l’enjeu pour les entreprises est d’être capables de stocker leurs marchandises le plus près possible des consommateurs. D’où une quête constante et soutenue des mètres carrés non exploités dans les villes, et notamment à Paris. Caves, parkings, locaux commerciaux vides sont en train de se transformer en précieux sésames, avec à la clef, une rentabilité très intéressante.
Cette solution immobilière comporte plusieurs avantages. D’abord, en étant au plus près des consommateurs, des clients, elle permet des livraisons plus propres avec les vélos-cargos à assistance électrique par exemple, ou encore avec de petits véhicules électriques ou hybrides. Les sociétés Libner et Dachser ont créé le BIL, ou base intelligente de logistique : un poids lourd qui intègre un petit camion électrique qui effectue le dernier kilomètre. Le rayon d’action pour les livraisons est certes moins large, mais ce système permet une mobilité plus durable, plus douce. C’est notamment le cas au Japon où les centres logistiques se sont installés près des clients et où les livraisons sont effectuées à pied. Ensuite, la solution immobilière offre l’avantage de la rapidité. Plus les marchandises sont près des clients, plus ces derniers sont livrés rapidement. L’équation est simple, mais efficace. Dans le cadre de l’e‑commerce, des lieux comme les caves, les parkings, sont des solutions très avantageuses pour les commerçants.
Amazon par exemple a installé un centre logistique dans le XVIIIe arrondissement de Paris. De ce fait, l’entreprise américaine peut livrer certaines marchandises, peu volumineuses, en deux heures chrono. De plus, pour de petits commerçants qui sont des relais pour le stockage des marchandises, la solution immobilière avec parkings ou caves est très intéressante dans la mesure où ils ne perdent plus d’espace dans leur commerce.
Pour autant, il sera question pour les commerçants et les entreprises de bien choisir leur lieu de stockage. Car celui-ci devra être facile d’accès, notamment pour charger et décharger des produits. C’est le cas de certaines caves d’immeubles spécialisés dans les activités tertiaires et des parkings.
L’atout immobilier peut d’ailleurs être associé à d’autres solutions dans le cadre d’une mobilité et de transports plus propres. C’est le cas de la mutualisation des livraisons avec des camions partagés par plusieurs entreprises. Plusieurs villes ont d’ailleurs mis en place des centres de distribution urbains (CDU) ou des espaces logistiques urbains (ELU). Les livraisons sont sous-traitées à une seule entreprise qui effectue le dernier kilomètre.