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Entreprise : le numérique au service de l’humain

Afin de ne pas se laiss­er dis­tancer et pour rester très con­cur­ren­tielles, les entre­pris­es se numérisent de plus en plus. Intel­li­gence arti­fi­cielle, deep learn­ing, Inter­net des objets, etc. sont des out­ils extra­or­di­naires qui facili­tent la vie de l’entreprise, per­me­t­tent de traiter des don­nées beau­coup plus rapi­de­ment, de répon­dre aux attentes des clients et de men­er de véri­ta­bles actions en faveur de la tran­si­tion énergé­tique. L’utilisation du numérique doit rester au ser­vice de l’humain et con­stituer un levi­er de développe­ment RSE.

Le 2 sep­tem­bre 2002, à Johan­nes­burg, en Afrique du Sud, lors du qua­trième Som­met de la Terre de l’ONU, le prési­dent français Jacques Chirac a pronon­cé la célèbre phrase entrée depuis dans l’histoire : « Notre mai­son brûle et nous regar­dons ailleurs […]. La Terre et l’humanité sont en péril, et nous en sommes tous responsables. »

Le con­stat était sans appel : les États, mais aus­si tous les acteurs qui com­posent nos sociétés, étaient inca­pables d’agir face à l’urgence de la sit­u­a­tion. Depuis, les choses ont heureuse­ment changé, mais le chemin est encore long. L’état du monde nous oblige à agir à tous les niveaux : privé, insti­tu­tion­nel, au sein des col­lec­tiv­ités ou des asso­ci­a­tions. Cela est égale­ment vrai dans le monde de l’entreprise. La respon­s­abil­ité socié­tale (RSE) est un out­il pour l’action. Elle est en out­re peu contraignante.

Nou­velles tech­nolo­gies, prof­its et enjeux envi­ron­nemen­taux et humains

Pour men­er à bien cette respon­s­abil­ité socié­tale, les entre­pris­es dis­posent aujourd’hui de nom­breux out­ils qui sont autant d’atouts. Les nou­velles tech­nolo­gies, l’informatique avancée, l’intelligence arti­fi­cielle (IA), l’Internet des objets, l’informatique quan­tique dans le domaine de la médecine, etc., sont des moyens pour chang­er la donne, pour offrir un meilleur envi­ron­nement de tra­vail aux salariés et, par effet ric­o­chet, à leurs familles. Ces out­ils offrent in fine un cadre de tra­vail plus humain.

Les nom­breuses cat­a­stro­phes écologiques dont l’homme est la source nous mon­trent tous les jours le rôle que peut jouer la RSE et le poids qu’elle peut pren­dre. Qu’il s’agisse des déverse­ments de pro­duits tox­iques, d’accidents d’usines, a for­tiori classées Seveso (qui rap­pelons-le, tire son nom de la ville ital­i­enne de Seveso frap­pée en 1976 par un nuage tox­ique provenant d’une usine chim­ique) ou de pol­lu­tion des mers et des riv­ières, la notion de RSE prend tout son sens. La pres­sion exer­cée par le monde asso­ci­atif, les par­ti­c­uliers, la lég­is­la­tion, donc la loi, tant au niveau nation­al qu’au niveau européen, mais aus­si par les salariés, pousse les entre­pris­es à agir de manière pos­i­tive pour l’environnement.

Mais ces actions doivent être menées de manière volon­taire, sans con­trainte. Elles doivent en out­re s’inscrire dans une vision totale­ment partagée par les dirigeants et les salariés, vision qui est une part de la rai­son d’être de l’entreprise. Cha­cun devient ain­si un acteur et les choix se font col­lec­tive­ment. On quitte la ver­ti­cal­ité pour la col­lab­o­ra­tion. Or, par­mi les out­ils dont dis­posent les entre­pris­es, le numérique et l’intelligence arti­fi­cielle jouent un rôle majeur. Selon l’analyse réal­isée par la société PWC et Microsoft et inti­t­ulée « How AI can enable a Sus­tain­able Future » (Com­ment l’intelligence arti­fi­cielle peut per­me­t­tre un futur durable), d’ici à 2030, l’IA per­me­t­tra aux futurs sys­tèmes d’être plus pro­duc­tifs pour l’économie, mais aus­si pour la nature, et ce, dans des domaines var­iés : réseaux d’énergie pro­pre, agri­cul­ture, sup­ply chain durables, pré­dic­tions météorologiques plus pré­cis­es pour anticiper les cat­a­stro­phes, etc. L’analyse estime que l’utilisation de l’IA dans des domaines envi­ron­nemen­taux représen­tera un gain de 5 200 mil­liards de dol­lars pour l’économie mon­di­ale en 2030. Par­al­lèle­ment, l’utilisation de l’IA réduira de 4 % les gaz à effet de serre (GES) en 2030, soit 2,4 giga­tonnes de CO2, l’équivalent des émis­sions annuelles com­binées du Cana­da, de l’Australie et du Japon.

Dans ce con­texte, on com­prend que ces out­ils numériques ont plusieurs rôles à jouer. Ils ne doivent pas seule­ment servir à accroître les prof­its et la pro­duc­tiv­ité, mais ils doivent jouer un rôle clé dans la pro­tec­tion de l’environnement et dans la qual­ité de vie des salariés, ces deux derniers objec­tifs étant inex­tri­ca­ble­ment liés.

L’organisation inter­na­tionale The Forum for the Future aide ain­si les gou­verne­ments, mais aus­si les entre­pris­es, à analyser leurs déci­sions d’une manière glob­ale, c’est-à-dire en inté­grant les con­séquences envi­ron­nemen­tales, sociales, humaines, et non plus seule­ment finan­cières, avec comme fil rouge, les tech­nolo­gies, notam­ment l’IA, qui inter­vi­en­nent dans chaque décision.
Tech­nolo­gies et société

Par effet miroir, l’entreprise est le reflet de la société, de son mode de fonc­tion­nement, de son organ­i­sa­tion. Cela se voit bien aujourd’hui. Et lorsqu’on regarde en arrière, vers le passé, l’évolution de l’entreprise se com­prend d’autant mieux. La struc­ture même devient plus hor­i­zon­tale et le salarié n’est plus un sim­ple « producteur ».

La nature des entre­pris­es lead­ers dans l’économie mon­di­ale a égale­ment changé. S’il s’agissait naguère des grandes indus­tries, dont le secteur auto­mo­bile représen­tait la puis­sance et la réus­site, ce sont aujourd’hui celles qui ont investi dans les nou­velles tech­nolo­gies comme Google, Ama­zon, Face­book, etc., les GAFAM ou « Big Five » et leur équiv­a­lent asi­a­tique, les BATX (Baidu, Aliba­ba, Ten­cent et Xiao­mi). Le besoin mas­sif de main‑d’œuvre a cédé la place à la quête de tal­ents, de créa­teurs. L’individu, avec ses com­pé­tences, mais aus­si sa cul­ture et son par­cours, est la véri­ta­ble valeur ajoutée de l’entreprise. L’organisation de l’entreprise a dû s’adapter avec un nou­veau par­a­digme, rai­son pour laque­lle l’aspect pyra­mi­dal a cédé la place au réseau où chaque salarié a sa part de responsabilité.

Les nou­velles tech­nolo­gies per­me­t­tent de soulager l’humain des tâch­es les plus dif­fi­ciles et répéti­tives, lui lais­sant du temps pour gér­er les tâch­es les plus impor­tantes, celles qui généreront de la valeur. Elles prévi­en­nent les risques et offrent aux salariés la pos­si­bil­ité de se for­mer, d’être con­nec­tés à l’entreprise plus facile­ment. En ce sens, ces tech­nolo­gies entrent dans le cadre de la RSE. Elles aident égale­ment à la prise de déci­sion. L’IA est totale­ment inté­grée dans l’entreprise et sup­porte le salarié. Mais atten­tion, il ne s’agit pas de le rem­plac­er, mais de le soutenir et d’éviter toute forme de désen­gage­ment des employés.

À l’externe, les nou­velles tech­nolo­gies et notam­ment l’IA, per­me­t­tent aux entre­pris­es de met­tre l’accent sur leurs clients. L’IA, au fur et à mesure de ses développe­ments, devient une part généra­trice du processus.

Glob­ale­ment, les entre­pris­es ont besoin du numérique qui est inté­gré pour les aider. Le poten­tiel est très impor­tant et chaque acteur, entre­prise, dirigeant, four­nisseur, client, salarié, peut tir­er avan­tage des nou­velles tech­nolo­gies, dans sa vie pro­fes­sion­nelle autant que personnelle.

Inté­gr­er la stratégie numérique dans la RSE

Or entre­pris­es et salariés com­pren­nent bien que cette stratégie numérique, bien qu’elle soit indis­pens­able, est elle-même généra­trice de GES, estimés à 4 % au niveau mon­di­al. Le numérique représente 16 % de la con­som­ma­tion élec­trique glob­ale. Dans ce con­texte, les entre­pris­es sont les prin­ci­pales sources de cette pol­lu­tion « immatérielle ». Chaque jour, 230 mil­liards de mails sont envoyés. Un mail avec une pièce jointe de 1 Mo équiv­aut à 20 g de CO2 dans l’air. Les spams représen­tent l’équivalent de trois mil­lions de voitures par an. Chaque mail qui n’est pas détru­it con­somme de l’énergie. Les entre­pris­es ont bien con­science de ce phénomène.

Tout com­mence au niveau des archi­tectes et des développeurs qui jouent un rôle de pre­mier plan dans la con­cep­tion des ser­vices et des pro­duits numériques. L’objectif : ren­dre ces derniers plus sobres et inclusifs.

Cela débute égale­ment par la créa­tion de ser­vices qui répon­dent réelle­ment à une néces­sité pour le client/utilisateur. Le but est d’éviter des fonc­tions éner­gi­vores sans que cela apporte de valeur ajoutée.

Les sites inter­net sont aus­si opti­misés pour des temps de charge­ment plus courts, donc moins gour­mands en énergie. Le mar­ket­ing se met aus­si au vert et un grand nom­bre d’entreprises ont décidé de lim­iter les mail­ings. Pour cela, elles utilisent des algo­rithmes de ciblage. Beau­coup d’entre elles deman­dent aus­si à leurs clients de sup­primer les mails après réception.

La ques­tion des serveurs est égale­ment au cœur des réflex­ions menées par les entre­pris­es. Des serveurs hébergés en France ont une empreinte envi­ron­nemen­tale moins forte, car moins de 10 % de l’électricité y est pro­duite avec des éner­gies fossiles.

La RSE est basée sur l’humain et le développe­ment durable. Le numérique doit être inté­gré aux enjeux socié­taux et donc être au cœur des déci­sions de poli­tique RSE dans les entreprises.

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