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La mobilité dans la ville de demain

L’urbanisation croissante de nos sociétés, le manque d’espace disponible et la crise sanitaire soudaine et brutale que nous traversons ont remis au centre des débats et des discussions l’épineuse question de la mobilité urbaine. Aujourd’hui, face à ses propres défis, et aux nombreux modes de transport qu’elle offre, la ville doit se repenser. En jeu : la sécurité, le confort, la fluidité et la santé.

La mobilité urbaine est devenue un véritable enjeu de notre société et le sujet prioritaire. Pistes cyclables, mobilité douce, voitures électriques, autonomes, livraison dans le dernier kilomètre, aménagements et partage de l’espace public, etc., il faudrait en réalité parler de mobilités, au pluriel.

De la reine voiture aux mobilités douces et durables

La mobilité dans l’espace urbain a été révolutionnée au milieu des années 2000, avec le smartphone. C’est ce qu’explique Nicolas Louvet, politiste, fondateur et directeur du bureau d’études 6‑t : « Grâce au smartphone, il est possible de mesurer la mobilité individuelle pour améliorer la mobilité collective. » Or, aujourd’hui, cette révolution amorcée il y a une quinzaine d’années semble s’accélérer et ainsi imposer de nouveaux défis aux villes, quelle que soit leur taille.

De toutes les mobilités, depuis longtemps, la voiture s’est imposée comme le moyen de transport par excellence. Si elle concentre toutes les attentions, aujourd’hui, elle attire toutes les critiques, à juste titre.

La voiture s’est imposée durant tout le XXe siècle, siècle de l’énergie fossile, mais aussi siècle de la ville, puis métropole, mégapole et mégalopole. L’organisation urbaine s’est faite autour de la voiture avec la création de grandes avenues, d’immenses artères et autoroutes urbaines. Ces aménagements se sont faits au détriment des piétons, puis des cyclistes.

Mais aujourd’hui, les choses changent en profondeur et à un rythme soutenu. La lutte contre le réchauffement climatique et la pollution exacerbée dans les centres urbains ont modifié notre perception de la voiture individuelle et ont imposé les mobilités dites douces et partagées. Les axes ont été réaménagés, avec une plus grande place faite aux pistes cyclables, aux voitures électriques, aux véhicules partagés, aux transports en commun. La crise sanitaire de la COVID-19 n’a fait que renforcer et accélérer ce mouvement dans de nombreuses villes du monde.

Piétons et nouveaux aménagements urbains

Depuis que les villes sont apparues, il y a toujours eu des piétons. Aujourd’hui encore, il suffit de regarder des photos aériennes de Tokyo, prises par des drones par exemple, pour constater que les piétons sont encore bien présents et occupent l’espace urbain, s’y meuvent dans un mouvement perpétuel. Et demain ? Il n’y a pas de raison que cela change ; le piéton sera toujours en déplacement dans les villes. Cette permanence est due à un facteur évident : la marche est la mobilité la plus efficace, car elle s’affranchit de presque toutes les règles et réglementations. La marche est libre, car elle permet au piéton de transgresser toutes les interdictions pour rallier sa destination.

La généralisation des zones où la vitesse des véhicules est diminuée permet de rendre aux piétons une part de l’espace urbain. La marche est fonctionnelle, mais elle est aussi un plaisir, d’autant plus grand qu’elle s’effectue de plus en plus en sécurité. Le marcheur devient flâneur, promeneur, et se réapproprie l’espace urbain qui, de son côté, est réaménagé et repensé. La multiplication des terrasses, parfois éphémères, en témoigne. Ces parklets occupent d’anciennes places de stationnement le long des chaussées. Beaucoup d’entre elles sont végétalisées et offrent un cadre idéal de partage. Georges Amar, chercheur et prospectiviste, parle « d’urbaniser la mobilité » et insiste sur le « transport public individuel », sur le « partage des outils de la mobilité ».

Véhicules autonomes : promesse ou mirage ?

Parmi les solutions envisagées, la voiture autonome doit révolutionner la mobilité durable en ville. Des tests sont actuellement menés en milieu urbain. Mais ce type de véhicule tiendra-t-il ses promesses ou n’est-il qu’un mirage ? Car la voiture autonome fait face à deux questions. D’abord, atteindrons-nous un niveau technologique suffisant pour construire un tel véhicule, sans chauffeur, contrôlé par intelligence artificielle, connecté aux objets et aux structures de la ville (Internet des objets, IoT), se déplaçant sans encombre ? D’autre part, nos villes sont-elles taillées pour la voiture autonome ? Ne nécessiteront-elles pas d’être complètement redessinées, voire réinventées pour accueillir ce type de mobilité ?

Pour autant, de nombreux projets de véhicules autonomes sont développés. Plusieurs villes du monde testent cette alternative avec des navettes autonomes dont le format permet de se déplacer en ville plus facilement que les bus. Dans ce contexte, la navette autonome est intégrée dans un cadre multimodal et ne constitue pas ainsi l’unique solution. Neutres en émissions et silencieuses, ces navettes seraient parfaites pour les zones urbaines. Néanmoins, testées depuis près de cinq ans dans de nombreuses grandes villes, elles ne sont toujours pas opérationnelles.

Bike is back !

Avant le déconfinement, de nombreux scientifiques ont insisté sur la nécessité de prendre des mesures pour limiter la pollution. C’est ainsi que de nombreuses villes ont décidé de mettre le vélo au cœur de la mobilité durable. Pour cela, elles ont créé de plus en plus de pistes cyclables. Milan par exemple, l’une des villes les plus touchées par la COVID-19, a lancé un vaste plan pour vider ses rues des voitures dès la fin du confinement. Les pouvoirs publics ont en effet décidé de transformer 35 kilomètres de rues habituellement congestionnées en nouvelles pistes cyclables. Ce phénomène est en réalité mondial. En Colombie, à Bogota, 100 kilomètres de rues doivent être transformés en pistes cyclables alors qu’à Berlin certaines avenues ont été temporairement réservées aux vélos.

En France, Strasbourg est la première ville française dans le classement de The Copenhagenize Index des villes les plus accueillantes pour le vélo, avec 70,5 %, suivie par Bordeaux, avec 68,8 %. Les quatre premières villes sont Copenhague (90,2 %), Amsterdam (89,3 %), Utrecht (88,4 %) et Anvers (73,2 %).

Mais le vélo n’est pas l’unique moyen durable de se déplacer. L’offre s’est considérablement ouverte à d’autres moyens avec de nombreux opérateurs privés, moins lourds administrativement que les municipalités. Parmi ces moyens, notons la trottinette ou la monoroue. Néanmoins, la réglementation de plus en plus stricte de ces mobilités alternatives pourrait rediriger leurs utilisateurs vers le vélo. L’objectif pour les opérateurs privés et publics est de proposer des offres multimodales pour amener l’usager à exploiter tous les moyens de transport et aussi à changer de comportement.

Dans ce contexte, la solution multimodale est l’un des grands enjeux de la mobilité durable en milieu urbain. La multimodalité repose sur l’utilisation, par une même personne, de la voiture, du vélo ou des transports en commun selon le besoin et la destination. Cette solution multimodale suppose un réaménagement de la chaussée et des trottoirs. Car chaque moyen de transport aura son propre aménagement urbain, avec ses sens de circulation, ses enjeux de sécurité, et devra prendre en compte la fluidité du trafic, la limitation de vitesse des voitures, etc.

D’ici à 2050, deux tiers de la population mondiale vivront en ville. La question de la mobilité urbaine est donc devenue incontournable. 

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