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Observatoire des odeurs : Intérêts et risques des comités de riverains

Une entreprise émettrice d’odeurs peut être amenée à assurer une prestation destinée à associer les riverains de l’établissement afin qu’ils jouent un rôle de vigile, voire de sentinelle. Quels en sont les avantages et les inconvénients ?

Cette obligation peut résulter d’une demande de l’administration, mais peut aussi faire partie d’une démarche d’amélioration de la gestion de ses émissions vers le milieu récepteur et de la réduction des nuisances engendrées, de quelque nature qu’elles soient.

Comité de riverains ?

Ainsi, ce que nous nommerons le comité de riverains (CdR) est une prestation bien particulière puisqu’elle nécessite, pour sa bonne conduite, la participation d’un organisateur (le bureau d’études), la collaboration de l’entreprise et la bonne volonté des riverains. Ce dernier point peut être repoussant auprès d’un exploitant qui a peut-être déjà subi les remontées des plaintes au sujet des odeurs et conçoit difficilement de travailler avec ces mêmes personnes qui ont pu lui tenir des propos plutôt désagréables. C’est pourquoi ce court article est destiné à présenter les avantages et inconvénients de ce type de prestation.

En premier lieu, l’entreprise s’engageant dans ce genre d’« aventure » a compris que les temps avaient changé et que la règle du « vivons cachés » n’est plus possible aujourd’hui. Elle a aussi saisi la pertinence d’associer directement ces riverains à sa démarche d’amélioration : l’exploitant veut bien améliorer le sort de ses voisins, mais ceux-ci doivent aussi fournir des efforts. Enfin, l’entreprise a compris qu’elle devait s’efforcer de s’insérer dans le tissu local actuel et donc, en interne, mobiliser ses employés pour faire de cette nouvelle quête la priorité de chacun, sans négliger pour autant la production, qui reste le but de l’exploitation. Elle devra se mettre à nu, face aux questions des riverains qui pourront surgir ou, comme il est dit de nos jours, être « transparente » pour remplir le contrat de CdR.

Principe de fonctionnement d’un CdR qui associe les activités de l’usine, les déclarations des riverains et la météorologie locale pour établir une estimation de l’impact odorant.

La sentinelle

Le pendant de l’engagement de l’entreprise est celui des riverains. Pour faire de ces volontaires bénévoles des personnes utiles à la prestation, il est nécessaire de passer avec eux une sorte de contrat moral. En premier lieu, comme cela a été précisé, leur fonction restera bénévole. Ce point ne nécessite pas plus d’explications. Ensuite, il leur sera demandé de participer aux différentes réunions qui s’égraineront tout au long du CdR et dont les natures sont différentes : des réunions de formation pour apprendre le métier de l’exploitant, détruire quelques légendes nourries par la rumeur, pour être confronté aux odeurs à la source du site et apprendre à les reconnaître, et des réunions d’information pour conserver un lien tout au long de l’année que dure généralement un CdR. Avec sa connaissance de l’activité et des hommes et femmes du site, le riverain est alors capable de devenir une sentinelle prête à déclarer un épisode d’odeur et à le renseigner au mieux. Bien évidemment, à l’impossible nul n’est tenu, et il est important que ces riverains conservent un mode de vie proche de ce qu’ils ont connu auparavant, rognant seulement quelques minutes pour faire leur déclaration. D’ailleurs, avec le temps, certains riverains acquièrent une bonne capacité d’analyse en liant l’activité aux conditions climatiques pour expliquer les observations recueillies.

Tisser la confiance

Le but affiché d’un CdR est d’améliorer une situation qui pouvait être critique. Le CdR y participe effectivement ; cependant, il ne faut pas lui attribuer un trop grand rôle sur ce sujet précis. En effet, les diagnostics fondés sur la métrologie des odeurs constitueront la principale source de progression pour réduire l’impact odorant sur l’environnement. Néanmoins, le CdR jouera son rôle sur les aspects « sociétaux ». De fait, la mise en place du CdR change la nature du rapport entre l’exploitant et ses voisins : de tendu, voire de crise, il est mis sur les rails de la collaboration et de la confiance mutuelle. Les riverains ont aussi beaucoup appris sur le domaine des odeurs et perçoivent souvent la complexité de la mission destinée à les réduire. Souvent encore, la fonction d’utilité publique de l’entreprise est révélée. Il est bien sûr possible qu’un riverain cherche à maximiser ses déclarations, mais les traitements des données tiennent compte des comportements individuels et, par expérience, très peu de personnes ont suivi ce chemin.

Enfin, et pour une sorte de remède à toutes déviances qui pourraient apparaître, il est capital que s’établisse très vite (c’est même une condition sine qua non) une parfaite relation de confiance entre les trois acteurs d’un CdR. Même si aucune autre progression n’a été observée par ailleurs, cette relation entre les riverains, l’exploitant et l’organisateur restera une base solide pour affronter les prochaines difficultés.

À propos de l'auteur

Jean-François Després

SAS Olentica.

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