Green Innovation. Selon Jean-Pierre Farandou, président de la SNCF, l’objectif de l’accord de Paris sera inatteignable sans un report modal massif de la route vers le train et il faut donc doubler le nombre de voyageurs pour 2030. Quelle est la transformation à attendre de SNCF Gares & Connexions pour favoriser cette démarche ?
Stéphane Lerendu : Chaque jour, SNCF Gares & Connexions accueille plus de 10 millions de visiteurs dans ses 3 000 gares sur tout le territoire.
Le développement durable constitue un enjeu majeur et pour SNCF Gares & Connexions, cela signifie donner « EnVie de Gare » pour donner envie de prendre le train.
Nous voulons des gares modernes, écologiques, intelligentes et responsables pour accompagner l’ensemble des clients vers les usages de demain.
Nos gares se transforment ainsi progressivement en pôles d’échanges multimodaux (PEM) qui permettent l’articulation entre le train et tous les modes de transport. Nos PEM sont donc des points de connexion entre toutes les mobilités qui permettent et facilitent le passage d’un mode de transport à un autre, y compris vers les circulations « douces » (vélos, piétons).
Évidemment, c’est un travail mené en très étroite collaboration avec les régions et les collectivités.
La gare doit exploiter son espace et le transformer en plate-forme d’écomobilité autour de laquelle s’organisent non seulement les transports urbains, périurbains et régionaux, mais aussi la vie quotidienne des citadins autour de commerces et de services de proximité.
Pour développer l’intermodalité train/vélo et offrir à tous les voyageurs une solution de transport écologique de bout en bout, nous développons en partenariat avec l’État et les collectivités des stationnements pour vélos à proximité des gares.
Nous avons déjà installé dans nos gares près de 30 000 places de stationnement pour vélos sécurisées et près de 15 000 places semi-sécurisées ou non sécurisées. Et afin d’accroître la part modale du vélo en accès et en sortie de gare, nous nous fixons pour objectif de déployer 60 000 places sécurisées supplémentaires d’ici à 2025.
Au-delà du stationnement, l’information aux clients et les services se développent : signalétique plus visible, aménagement des abords des gares, information sur les pistes cyclables sécurisées desservant les gares, mais aussi mise à disposition de bornes de recharge électriques, de services de dépannage ou de location de vélos.
Et comment transformez-vous les bâtiments voyageurs des gares ?
Spécialiste de la gare verte, SNCF Gares & Connexions intervient notamment sur l’énergie avec l’objectif d’être moins cher et d’être plus vert : moins cher en maîtrisant notre consommation énergétique dans les gares ; plus vert en ayant un plan de reconversion de nos sources d’énergie vers des énergies renouvelables.
SNCF Gares & Connexions a enclenché en ce début d’année les prémices de son plan photovoltaïque, qui vise, d’ici à 2030, le déploiement de 1,1 million de mètres carrés de panneaux solaires sur le patrimoine de ses gares. Cette première étape passe par un premier appel à manifestation d’intérêt pour identifier un partenaire industriel qui installera des panneaux photovoltaïques sur un portefeuille de 156 parkings de gares. Avec cette première consultation, SNCF Gares & Connexions souhaite industrialiser et massifier le développement d’une capacité solaire de 25 à 30 MWc à mettre en service d’ici au début de l’année 2024.
Notre second sujet, tout aussi essentiel dans la transformation de nos bâtiments voyageurs, est l’écoconception. Pour répondre à l’urgence climatique, nous devons concevoir, réaliser, entretenir, exploiter et commercialiser différemment notre patrimoine. Notre but est de transformer nos gares en gares triple E : écologiques, économiques, élégantes, conçues dès le départ pour consommer le moins possible et être adaptées aux enjeux environnementaux.
Pour y parvenir, nous utilisons la démarche EMCCB, développée par notre filiale AREP, avec E pour énergie, M pour matières, C pour carbone, C pour climat et B pour biodiversité. Ce cadre méthodologique embarque tous les acteurs de la maîtrise d’ouvrage (les concepteurs, les architectes, la maîtrise d’œuvre, les directeurs de programmes, nos référents RSE, l’ensemble des directions régionales et tous les acteurs de la maîtrise d’ouvrage) dans une démarche unique qui va permettre d’atteindre les objectifs que nous nous fixons.
La troisième démarche, qui vient compléter l’écoconception, est le travail sur le choix des matériaux. Il s’agit là de la stratégie de réemploi de produits existants : des rails de chemin de fer qui vont servir à créer du mobilier, par exemple des assises ; l’emploi du béton recyclé pour faire des sols. Nous allons par ailleurs privilégier les filières industrielles de matières naturelles : le bois, évidemment, mais aussi des isolants biosourcés, par exemple.
Sur le chapitre du climat et de la biodiversité, nous mettons en œuvre toute une palette d’actions.
La gare de Nîmes Pont du Gard en est une excellente illustration, très intéressante du point de vue de la biodiversité. Nous y avons planté 390 arbres et mis en place des hôtels à insectes, ainsi que des hibernaculums pour les lézards, par exemple. Nous avons travaillé avec le territoire, avec les collectivités, avec la région, pour parvenir à ce résultat ; ces marges de progrès qui sont intéressantes se construisent en lien avec les territoires.
