Biogaz Espace partenaires Magazine Biogaz

« La cogénération est une clé de la transition énergétique »

Biogaz Magazine. Quels sont les atouts de la cogénération ?

Christophe Chauvel. À l’heure où l’indépendance énergétique est cruciale, la cogénération est une des clés pour une transition énergétique sans charbon. Énergétiquement parlant, la cogénération valorise 85 à 90 % de l’énergie primaire gaz. Pour être intéressante énergétiquement, la cogénération implique bien sûr une utilisation optimale de la chaleur, qui représente 55 % de l’énergie produite. La chaleur peut aussi être utilisée pour des usages industriels ou agricoles (séchage, serres, culture d’algue…), en créant une économie locale. Globalement, une cogénération qui fonctionne bien et dont la chaleur est bien utilisée est aussi intéressante énergétiquement que l’injection. Avec le biogaz, elle permet en plus une production électrique neutre en carbone et non intermittente, qui pourrait compenser une partie de l’augmentation de la consommation électrique française et éviterait ainsi l’importation d’une partie de l’électricité (en partie produite avec le charbon). Les centrales de cogénération sont situées à proximité de l’utilisateur final, permettant de réduire les pertes dues au transport et à la distribution de l’électricité. Leur production d’énergie s’adapte aux besoins réels du site.

La législation a favorisé l’injection aux dépens de la cogénération. Que faudrait-il faire pour remettre la cogénération à sa vraie place dans le mix énergétique ?

En biogaz, avec le contrat BG16, vous pouvez choisir la cogénération jusqu’à 300 kW. Au-dessus, vous êtes obligé d’étudier l’injection et, jusqu’à 500 kW, si les coûts de raccordement sont en deçà d’un certain seuil, vous devez injecter même si, dans certains cas, le réseau ne peut pas absorber toute votre production annuelle. Or, dans ce cas, le bilan carbone et énergétique pourrait être meilleur en cogénération. Aussi, nous préconisons de déplafonner cette limite de 500 kW et de laisser la possibilité de faire une double valorisation : cogénération et injection. Sur certains sites, il y a un potentiel pour accroître la puissance, mais la législation bloque ces développements alors que nous avons tant besoin d’électricité renouvelable non intermittente. Une stratégie de transition énergétique demande une souplesse administrative. À l’heure où toutes les productions d’énergie vont compter, la cogénération a toujours sa place, avec de bons rendements si la chaleur est bien utilisée et si les moteurs sont fiables. Il est plus intéressant pour l’État français de racheter via EDF de l’électricité à nos agriculteurs à 220 €/MWh que d’acheter 200 à 300 €/MWh sur le marché de l’énergie de l’électricité bien souvent issue de production étrangère et forte en CO2.

La valorisation électrique du biogaz de décharge ne bénéficie plus d’aides de l’État alors que de grosses quantités de gaz sont encore disponibles ; les exploitants vont par conséquent remettre en fonctionnement leurs torchères et ainsi émettre du CO2 sans avoir valorisé une énergie précieuse.

Qu’est-ce qui caractérise une bonne cogénération ?

Le premier élément, encore plus important que le rendement, est la fiabilité du moteur. Nous proposons chez Clarke Energy uniquement des moteurs industriels, à partir de 250 kW. Disposant d’une cylindrée plus importante, ils sont conçus pour tourner 24 h/24 toute l’année. Ce n’est pas le cas des systèmes adaptés de moteurs de camion ou de tracteur, qui ne sont pas faits pour fonctionner en continu.

Nos moteurs sont non seulement spécialement conçus pour le gaz, mais nous proposons en plus des versions adaptées à différents types de gaz et à leur pouvoir calorifique, du plus fort (gaz naturel) au plus faible (syngaz), en passant par le biogaz. Pour vous donner une idée, il contient 10 kW/m3 en gaz naturel, 6 en biogaz, 3 à 4 en gaz de décharge et 1,5 en syngaz. Le biogaz a, paradoxalement, un meilleur indice de méthane que le gaz naturel malgré sa moindre puissance énergétique, car il est moins détonant. De ce fait, il évite les cliquetis et permet de produire plus ou d’obtenir un meilleur rendement. Notre expérience nous permet de garantir un bon dimensionnement. Des moteurs trop petits, poussés à fond, ont des rendements plus élevés, mais sont source de casse. La fiabilité nécessite également l’utilisation d’huiles performantes. Nous avons une liste d’huiles agréées et le constructeur a développé une huile pour motorisation biogaz avec un fabricant d’huile, qui a une durée de vie plus longue. Bien sûr nous préconisons aussi des analyses régulières : deux par semaine jusqu’à la première vidange, puis une tous les 10 jours.

En plus de la qualité du moteur et des huiles, comment optimiser l’unité de cogénération ?

Tout arrêt du moteur est une perte de production. Or, nous sommes particulièrement reconnus pour notre SAV. Nos 70 techniciens répartis sur la France interviennent sous 4 h. Nous avons d’ailleurs de nombreuses demandes de renouvellement ou de changement de moteurs qui sont faites par des gestionnaires échaudés par des pannes à répétition et des interventions tardives de nos concurrents. Nous avons également développé beaucoup d’automatismes avec alerte à distance et logiciel de maintenance prédictive. Nous réagissons vite et nous nous engageons sur la garantie de résultat. Nous sommes parmi les seuls à proposer une assurance bris de machine en tant que fournisseurs. Avec cette formule, notre assureur paie la réparation, mais aussi la perte d’exploitation. Il a intérêt à une réparation rapide, quand le passage par une assurance « classique » peut faire perdre 3 semaines ou plus en expertise… Fiabilité, rendement, service réactif : tous ces éléments permettent une gestion sereine d’une cogénération. 

À propos de l'auteur

Christophe Chauvel

Responsable commercial moteur biogaz, Clarke Energy.

Bienvenue sur Innovation24.news,
le portail d'information dédié à l'innovation et au développement durable des publications de Consilde Media Group. Ce site regroupe une sélection d'articles et d'entretiens rédigés par des spécialistes des questions environnementales et publiés dans nos différents magazines.