Biogaz Espace partenaires Magazine Biogaz

Pollutions gazeuses : le rôle du bureau d’études

Les unités de val­ori­sa­tion des déchets sont sus­cep­ti­bles d’émettre des pol­lu­tions sous forme gazeuse (chimie et odeur) résul­tant de leur procédé de traite­ment. Le bureau d’études joue un rôle clé entre l’administration et l’exploitant. Com­ment opti­miser les régle­men­ta­tions dans ce con­texte ? J.-F. Després, de la SAS Olen­ti­ca, nous donne ses solutions.

Pour éviter des pol­lu­tions trop impor­tantes du milieu naturel et de l’environnement en général, les autorités rédi­gent des arrêtés régle­men­taires dans lesquels les lim­ites des rejets sont indiquées, avec pour con­séquences lors du dépasse­ment de ces valeurs une pos­si­ble « mise en demeure » de l’exploitation, voire, dans les cas les plus sévères, l’arrêt com­plet de l’activité. Ces lim­i­ta­tions ont donc pour objet de pro­téger la société tout entière.

Posi­tion­nement du BE

Cepen­dant, cet arti­cle souhait­erait don­ner quelques lignes direc­tri­ces en vue d’édifier une régle­men­ta­tion qui puisse à la fois pro­téger l’environnement, ren­seign­er l’exploitant sur la con­duite de son usine et associ­er dans un même objec­tif admin­is­tra­tion, société et entrepreneurs.

Plaçons-nous, en pre­mier lieu, dans la peau d’un exploitant. Celui-ci reçoit son arrêté et le con­sid­ère comme une con­trainte lui imposant une oblig­a­tion de résul­tat au-delà de l’obligation de moyen.

L’agent de l’administration, quant à lui, cherche, en toute bonne foi, à cadr­er au mieux ces oblig­a­tions. Il est par­fois sujet à la surenchère régle­men­taire pour ne pas sous-estimer le poten­tiel de danger.

Entre les deux, un bureau d’études dont le rôle est aujourd’hui lim­ité à la four­ni­ture de résul­tats d’analyses. Il faut donc inven­ter une nou­velle façon de tra­vailler, et cela pour deux objec­tifs pré­cis : inscrire son ser­vice dans le même cadre de « val­ori­sa­tion » que celui de l’usine et con­seiller l’administration pour dessin­er une régle­men­ta­tion judi­cieuse. Val­oris­er les presta­tions des bureaux d’études et de con­trôle con­siste à rechercher dans une valeur ana­ly­tique une inter­pré­ta­tion d’un phénomène ou d’un procédé. Ain­si, fournir une valeur de rejet en sor­tie d’un sys­tème d’épuration de gaz peut être intéres­sant pour obtenir le droit d’exploiter, mais devrait tou­jours être mis en per­spec­tive avec les niveaux en entrée afin de juger des per­for­mances de l’installation.

Études tech­nique

Pour les usines ne pos­sé­dant pas d’installation de dépol­lu­tion, la nature des gaz émis sur cer­tains postes cri­tiques du procédé pour­rait être un majo­rant de l’ensemble des sources. Dans le domaine des pol­lu­tions odor­antes, un exa­m­en com­para­tif au cours du temps est plus instruc­tif que les seules valeurs absolues (dans l’hypothèse d’emploi de méth­odes sim­i­laires). De plus, la four­ni­ture d’un résul­tat d’analyse accom­pa­g­né de divers autres paramètres per­ti­nents (au niveau tant des analy­ses que du procédé) doit per­me­t­tre d’enrichir une base de don­nées interne à l’entreprise lui ser­vant de moni­teur. En résumé, le bureau d’études doit pro­pos­er une offre tech­nique qui va au-delà de la sim­ple réponse à la régle­men­ta­tion s’il souhaite que son client en retire le max­i­mum d’informations, pour un sur­coût lim­ité. Le bureau d’études doit donc pos­séder une exper­tise dans le domaine, forgée au cours du temps avec une panoplie large de moyens ana­ly­tiques à sa disposition.

La régle­men­ta­tion doit aus­si être judi­cieuse. Si tel est le cas, elle con­cour­ra à l’effort glob­al de valorisation.

Régle­men­ta­tions et réalité

En effet, que pou­vons-nous tous atten­dre de lim­ites régle­men­taires impos­si­bles à attein­dre ? Ain­si, les nou­velles lim­ites pour les odeurs dans le monde du com­postage vont imman­quable­ment con­duire à des sit­u­a­tions déli­cates pour l’exploitant, l’agent de l’administration et même le bureau d’études et de con­trôle, qui n’est pas là pour « plomber » son client. Il est aus­si pos­si­ble d’évoquer toutes ces analy­ses demandées qui sont soit inutiles, soit sans objet. Il serait plus intéres­sant de mul­ti­pli­er les analy­ses per­ti­nentes, liées au procédé, plutôt qu’imposer des analy­ses dont les résul­tats sont con­nus à l’avance (comme les pous­sières en sor­tie de biofil­tre). Pour résumer ce sec­ond point, il faudrait que l’administration n’hésite pas à dis­crim­in­er les entre­pris­es selon leurs procédés, leur bilan glob­al et leurs équipements.

Aujourd’hui, lorsque de nou­veaux textes régle­men­taires sont pub­liés, il est pos­si­ble de se deman­der d’où vient la moti­va­tion des rédac­teurs, voire leur objec­tif : inscrire une lim­ite à ne pas dépass­er doit tenir compte des bilans énergé­tiques et envi­ron­nemen­taux au risque d’être con­tre-pro­duc­tif. En tout cas, les exploitants et les bureaux d’études sont par­fois dans l’embarras tant les textes sont com­plex­es et exigeants. Aus­si faut-il dévelop­per une façon de faire qui per­me­t­trait de se caler sur les valeurs max­i­males de rejet au regard des ser­vices ren­dus par l’activité, et non pas sur une valeur absolue, sans rap­port avec un cycle naturel d’épuration, ou par des moyens dis­pro­por­tion­nés con­duisant à un bilan énergé­tique catastrophique. 

À propos de l'auteur

Jean-François Després

SAS Olentica.

Bienvenue sur Innovation24.news,
le portail d'information dédié à l'innovation et au développement durable des publications de Consilde Media Group. Ce site regroupe une sélection d'articles et d'entretiens rédigés par des spécialistes des questions environnementales et publiés dans nos différents magazines.

.