C’est une tendance que les experts avaient notée, mais sans anticiper sa rapidité. L’hydrogène vert est ainsi devenu moins cher que l’hydrogène gris dans différents endroits de la planète. Cela est dû à la guerre en Ukraine qui a soudainement fait monter les prix du gaz naturel. C’est ce que révèle une étude de BloombergNEF, publiée le 4 mars dernier.
BloombergNEF, branche du célèbre groupe Bloomberg, analyse les impacts de la transition énergétique dans les secteurs de la production d’énergie, de l’industrie, des transports, de la construction et de l’agriculture.
L’hydrogène vert est essentiellement produit par électrolyse de l’eau à partir d’électricité renouvelable. L’hydrogène gris, pour sa part, est produit à partir d’énergies fossiles comme le gaz naturel.
Le 4 mars dernier, Meredith Annex, responsable de l’analyse des secteurs du chauffage et de l’hydrogène chez BloombergNEF, a publié sur le compte Twitter de l’agence un message intitulé « Ukraine War Makes Green Hydrogen Competitive » comportant un tableau qui montre que les prix de l’ammoniac vert (utilisé pour décarboner les transports) sont inférieurs à ceux de l’ammoniac gris, en Europe, mais aussi en Asie. Mais ce n’est pas le cas partout.
En effet, en Amérique du Nord, l’ammoniac vert reste beaucoup plus cher que l’ammoniac gris.
À la différence des prix du pétrole qui sont mondiaux, ceux du gaz sont continentaux. En Amérique du Nord, continent grand exportateur de gaz naturel, les prix n’ont pas augmenté de manière linéaire comme en Europe ou en Asie.
Aussi, l’hydrogène gris produit à partir de gaz fossile a un coût de 6,71 dollars US/kg en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique (EMEA) contre 4,84 à 6,68 dollars US/kg pour l’hydrogène vert.
En Chine, l’hydrogène vert coûte 3,22 dollars US/kg contre 5,28 dollars US/kg pour l’hydrogène gris.
Tous les experts se demandent néanmoins si les prix de l’hydrogène vert resteront plus avantageux que ceux de l’hydrogène gris, et à quel terme.
En avril, BloombergNEF publiait une étude qui indiquait que les prix de l’hydrogène vert baisseraient à long terme, voire qu’ils pourraient devenir plus bas que ceux du gaz naturel à l’horizon 2050. Toujours en avril, une forte demande en Europe avait déjà fait grimper les prix du gaz naturel.
L’avenir semble incertain. Quel visage aura le marché en Europe et quel sera son équilibre entre la demande et l’offre de gaz naturel alors que la Russie fournissait plus du tiers des approvisionnements vers l’Europe avant la guerre en Ukraine ?
Or cet équilibre influencera les prix de l’hydrogène vert. Si le prix du gaz naturel reste élevé, l’hydrogène vert pourrait ainsi rester plus compétitif que l’hydrogène gris.
Mais si les prix du gaz naturel baissent en raison d’une diminution des tensions et peut-être de la fin de la guerre en Ukraine, l’hydrogène vert redeviendrait plus onéreux que l’hydrogène gris.