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Haffner Energy : l’hydrogène renouvelable et décarboné par thermolyse

© Haffner Energy

La ther­mol­yse de la bio­masse per­met la pro­duc­tion d’hydrogène vert et de biochar. Autour de cette tech­nolo­gie à émis­sion CO2 néga­tive, Haffn­er Ener­gy sou­tient une approche cir­cu­laire ter­ri­to­ri­ale avec un usage mobil­ité de l’hydrogène pro­duit locale­ment, qui per­met des per­for­mances écologiques, énergé­tiques et économiques.

Alter­na­tive à l’électrolyse pour pro­duire de l’hydrogène vert, la ther­mol­yse est un procédé de pro­duc­tion d’hydrogène à par­tir de déchets biologiques, copro­duits forestiers, sci­ures, mis­cant­hus et bio­masse con­tenant de 10 à 30 % d’humidité. Ces gise­ments sont com­plé­men­taires de ceux util­isés en méthani­sa­tion. Le principe est de cass­er par voie ther­mique les molécules de cette bio­masse et de sépar­er l’hydrogène qu’elle contient.

Pro­duc­tion d’hy­drogène et séques­tra­tion de carbone

« Cela fait 25 ans que nous trans­for­mons de la bio­masse en énergie, explique Chris­t­ian Bestien, directeur Busi­ness Devel­op­ment. Notre avons tra­vail­lé plus de 10 ans à la mise au point du procédé Hyno­ca, qui sig­ni­fie “Hydro­gen No Car­bon”. Ce proces­sus pro­duit de l’hydrogène d’un côté et du biochar de l’autre. Ce dernier com­posé car­boné est un véri­ta­ble puits de car­bone puisque, pour 1 kg d’hydrogène pro­duit, on séquestre 12 kg de CO2. C’est l’exact opposé de la pro­duc­tion d’hydrogène à par­tir de gaz, qui émet 12 kg de CO2 par kilo d’hydrogène pro­duit ! » Le biochar est un com­posé pré­cieux pour l’agriculture, en même temps qu’un stock per­ma­nent de car­bone. Il per­met d’améliorer la struc­ture du sol qui, de ce fait, retient mieux l’eau, indis­pens­able en péri­ode de sécher­esse. En tant qu’amendement agri­cole, il per­met d’améliorer les ren­de­ments et de réduire l’importation et la dépen­dance d’engrais chim­iques, dont les coûts ont explosé, pour les agriculteurs.

Rentabil­ité énergétique

« Trente tonnes de bio­masse nous per­me­t­tent de pro­duire env­i­ron 1 tonne d’hydrogène et 5,5 tonnes de biochar, avec un ren­de­ment énergé­tique glob­al de 70 à 80 %. Notre procédé est en effet autotherme, ce qui veut dire qu’il n’y a pas besoin d’apport d’énergie pour son fonc­tion­nement, sauf au démar­rage. L’électrolyse ne per­met pas d’obtenir un bilan car­bone négatif, car il n’y a pas de stock­age du CO2, mais aus­si parce qu’elle con­somme beau­coup d’électricité dont la pro­duc­tion de pointe est car­bonée (gaz, char­bon). Hyno­ca ne requiert que 10 % de l’énergie élec­trique néces­saire à un élec­trol­y­seur pour pro­duire la même quan­tité d’hydrogène ! L’explosion des prix de l’électricité et les deman­des fortes pour cette énergie dimin­u­ent l’intérêt de l’électrolyse, en dehors bien sûr des pro­duc­tions inter­mit­tentes (éoli­enne, solaire), pour lesquelles le stock­age ou l’usage direct sont difficiles. »

« Le déploiement de notre procédé sur le ter­ri­toire est aus­si une oppor­tu­nité pour la fil­ière agri­cole et forestière française. La ther­mol­yse crée des usages nou­veaux pour des vol­umes impor­tants de copro­duits ligneux non val­oris­ables jusqu’ici (bois abîmé par des incendies, attaqué par des scolytes), mais aus­si des écorces, des anas de lin, du mis­cant­hus qui peut pouss­er sur des sols à très faible intérêt agri­coles. Elle peut utilis­er toutes les tailles inter­mé­di­aires de bois, con­sti­tu­ant ain­si un revenu (et des emplois) pour les exploitants forestiers qui pour­ront ain­si mieux entretenir encore leurs mas­sifs. Nous tra­vail­lons aus­si sur le bois recy­clé. Hyno­ca per­met avec 1 ha de mis­cant­hus de pro­duire une énergie 10 fois supérieure à celle fournie par 1 ha de colza trans­for­mé en bio­car­bu­rant, ce qui per­me­t­tra donc de faire 10 fois plus de kilo­mètres avec la même sur­face de sols ! »

Économie cir­cu­laire, mobil­ité locale

« On pro­duit de l’hydrogène et on le con­somme sur place », telle est la logique de déploiement de la pro­duc­tion d’hydrogène chez Haffn­er Ener­gy, qui s’inscrit dans une démarche d’é­conomie cir­cu­laire. En effet, les matières sont col­lec­tées dans un ray­on de 50 à 100 km. Puis Haffn­er Ener­gy pré­conise un usage local de l’énergie pro­duite pour la mobil­ité et/ou pour des usages indus­triels. « Cela évite les dif­fi­cultés et la con­som­ma­tion d’énergie néces­saire au trans­port et à la dis­tri­b­u­tion. Il est en effet plus économique de trans­porter de la bio­masse que de l’hydrogène : cela néces­site qua­tre fois moins de camions. » Au prix actuel de l’énergie, c’est un gain non nég­lige­able. C’est pourquoi Haffn­er Ener­gy asso­cie des sta­tions-ser­vice hydrogène à la pro­duc­tion. « Depuis notre intro­duc­tion en Bourse en févri­er 2022, plusieurs grands indus­triels et investis­seurs ont misé sur notre tech­nolo­gie en entrant dans notre cap­i­tal : HRS pour les sta­tions de dis­tri­b­u­tion d’hydrogène, le cimen­tier Vicat pour l’intérêt en usage indus­triel, Eren qui peut favoris­er notre développe­ment inter­na­tion­al, notre mod­èle étant repro­ductible dans de nom­breux pays, comme les États-Unis qui dis­posent égale­ment de très impor­tantes ressources de bio­masse sèche. »

« La taille de nos unités est donc adap­tée aux besoins locaux de con­som­ma­tion d’hydrogène. À titre indi­catif, une sta­tion-ser­vice moyenne dis­tribuant des car­bu­rants fos­siles cor­re­spond à une capac­ité de pro­duc­tion de 2 tonnes d’hydrogène par jour. Nos unités Hyno­ca pour la mobil­ité ont juste­ment une capac­ité de 700 kg à 3 000 kg/jour. Avec nos unités de taille mod­u­la­ble, notre objec­tif est de rapi­de­ment con­stituer avec les acteurs locaux un mail­lage local de sta­tions de dis­tri­b­u­tion à échelle ter­ri­to­ri­ale qui per­me­t­tront un réel déploiement de l’usage mobil­ité hydrogène, créant emplois et ressources locaux. »

Pro­jets en déploiement

« Depuis les derniers développe­ments de la crise rus­so­-ukraini­enne, nous sommes quo­ti­di­en­nement sol­lic­ités par de nou­veaux indus­triels, des col­lec­tiv­ités, des acteurs de la mobil­ité qui cherchent à sor­tir de la dépen­dance au gaz. Les cartes de la poli­tique énergé­tique sont claire­ment rebattues. Le tout élec­trique a ses lim­ites. Avec Hyno­ca, nous puisons dans un autre gise­ment, avec un coût de pro­duc­tion accept­able. Nous por­tons donc aujourd’hui de nom­breux pro­jets avec des parte­naires sur le ter­ri­toire nation­al, mais aus­si en Suisse, aux Pays-Bas aux États-Unis, pour aller vers plus d’indépendance énergé­tique. Citons par exem­ple notre pro­jet avec le groupe Thevenin et Ducrot, qui exploite plus de 400 sta­tions-ser­vice Avia dans l’Est de la France et avec les Ets Rous­sel, col­lecteurs de bio­masse, avec qui nous allons con­stru­ire un site com­biné de production/station hydrogène dans l’Allier. Nous visons plusieurs cen­taines de mod­ules Hyno­ca à l’horizon 2025. Avec la bio­masse, nous pour­rions cou­vrir 10 % du besoin glob­al de mobil­ité. Notre solu­tion de pro­duc­tion verte sans élec­tric­ité s’adapte facile­ment à chaque territoire. »

À propos de l'auteur

Christian Bestien

Directeur Business Development chez Haffner Energy.

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