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« Nous allons déployer 30 stations BioGNV d’ici à 2030 en Seine-et-Marne »

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Biogaz Magazine. Quelle est votre stratégie de déploiement sur la mobilité bioGNV (plan pour le département, mais aussi aide ou accompagnement des différents acteurs) ?

Béatrice Rucheton. Le Département de Seine-et-Marne a mis en place en juin 2020 la charte CapMétha77. Elle fédère neuf partenaires pour soutenir la production locale et durable d’un gaz vert, le biométhane, par des unités de méthanisation plus particulièrement agricoles. L’un des objectifs de cette charte est le développement de l’usage du biométhane pour la mobilité avec le bioGNV, pour agir sur la décarbonation et la réduction des polluants atmosphériques de ce secteur.

Le Département, le Syndicat des énergies de Seine-et-Marne (SDESM), GRDF et GRTgaz ont cofinancé la réalisation d’un schéma de déploiement des stations publiques d’avitaillement en (bio)GNV qui devront mailler le territoire à l’horizon 2030. Ainsi, ce seront 30 stations publiques qui permettront de faire rouler 6 000 poids lourds au bioGNV en 2030. À partir de ce schéma, nous avons construit un dispositif unique en Île-de-France, la stratégie CapBioGNV77. Elle vise à faciliter l’émergence des stations identifiées dans le schéma, sur tout le territoire seine-et-marnais, et à accompagner la mutation des flottes captives des acteurs publics et privés. Le Département est à l’origine de la création du Club CapBioGNV77 qui vise à apporter une information adaptée aux acteurs publics et privés, et à développer des outils en adéquation avec leurs besoins.

Où en êtes-vous en Seine-et-Marne (stations, véhicules) ? Un mot peut-être sur le projet territorial production/station, production avec déchets organiques ?

Onze stations publiques sont en service en Seine-et-Marne et trois sont en projet, ce qui en fait le premier département français en nombre de stations publiques ouvertes. D’ici à la fin de 2022, deux nouvelles stations publiques devraient encore être mises en service.

Des acteurs importants du monde du transport de voyageurs ont incorporé dans leur stratégie la mutation de leur bus et cars vers des véhicules propres. Île-de-France Mobilité fera par exemple rouler 100 % de ses bus au biométhane en Seine-et-Marne d’ici à 2029. Le Département a engagé une démarche de renouvellement progressif de sa flotte de poids lourds pour l’entretien de ses routes départementales, avec déjà deux poids lourds fonctionnant au bioGNV acquis en 2021.

Certains syndicats de collecte des ordures ménagères du territoire ont fait le choix du bioGNV, particulièrement adapté pour ces véhicules (autonomie, réduction du bruit émis par le moteur, véhicules moins polluants), dans le cadre du renouvellement de leur marché de collecte. Le Département et ses partenaires apportent aux entreprises de logistique ou de transport de marchandises intéressées par le bioGNV des informations sur les aides à la conversion de leur flotte, les modèles de véhicules au GNV existants, le maillage de stations existantes et à venir, les restrictions imposées par la ZFEm du Grand Paris. D’ici à fin 2022, le Département va engager avec ces partenaires une démarche d’appel à manifestation d’intérêt sur des fonciers sécurisés et disponibles pour favoriser l’émergence de stations sur des territoires éloignés des grands pôles d’activités.

Comment êtes-vous positionnés par rapport aux augmentations du prix du GNV ? Avez-vous des messages à faire passer sur la carburation bioGNV/moteur thermique dans un contexte de mobilité douce ?

Les augmentations du prix du GNV sont dues à celles du prix du gaz sur les marchés mondiaux lié à la crise géopolitique en Ukraine. Le gaz n’est pas la seule énergie concernée par ces augmentations et, aujourd’hui, produire localement du biométhane (110 €/MWh) en Seine-et-Marne est moins cher qu’acheter du gaz sur les marchés mondiaux. Malheureusement, le prix du biométhane étant indexé aujourd’hui sur le prix du gaz fossile, il reste donc plus cher.

L’une des caractéristiques des moteurs bioGNV, très intéressante mais peu abordée, concerne le bruit qu’ils émettent. Ils sont moins bruyants que les moteurs diesels classiques (environ 50 % de réduction du bruit), ce qui permet d’améliorer grandement la qualité de vie des personnes résidant dans les centres-ville des gros centres urbains. Il est bon également de rappeler que l’avitaillement des véhicules au bioGNV est comparable à celui d’un véhicule essence ou diesel classique, le temps de charge d’un poids lourd étant compris entre 8 et 15 minutes, pour environ 600 km d’autonomie. Si les moteurs à gaz font partie des moteurs thermiques, ils deviennent, dès lors que vous utilisez du bioGNV, aussi vertueux qu’un moteur électrique à l’échelle du cycle de vie. L’enjeu n’est donc pas le type de motorisation, mais bien la ressource énergétique que vous utilisez et comment vous la produisez et l’utilisez.

Légende de la photo ci-dessus : Avitaillement d’un camion du Département de Seine-et-Marne fonctionnant au bioGNV. © DEEASEDEC

À propos de l'auteur

Béatrice Rucheton

Vice-présidente Environnement, Département de Seine-et-Marne.

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