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Portrait de femmes qui font vivre la filière méthanisation

Les hommes ne sont pas les seuls à avoir des idées et de l’énergie à revendre pour développer et faire grandir la filière de production de biogaz. Les femmes ont pleinement leur place et leur rôle à jouer ! La preuve avec ces 4 portraits de femmes passionnées et passionnantes.

Une journée avec Audrey Thouvenin, technicienne méthanisation à Bislé

Quel métier exercez-vous et en quoi consiste-t-il ?

« Je suis technicienne méthanisation et je gère au quotidien le site de méthanisation sur lequel je travaille : SAS GAZ2O, à Bislée. Mes tâches sont très diverses : incorporer les matières, équilibrer la ration, faire le suivi biologique, gérer la matière sèche, enregistrer les intrants, les sorties de digestat, gérer la partie réglementaire, demander et valider des devis auprès du constructeur ou autre fournisseur pour des changements de pièces pour le process ou l’épurateur. Je m’occupe également de l’entretien du site : graissages, contrôles et ajustements des niveaux d’huile, travaux de nettoyage. J’organise et planifie les maintenances préventives. »

Racontez-nous une journée de travail type. 

« Le matin, lorsque j’arrive au travail, je fais le tour de l’installation afin de vérifier si tout est conforme. Puis je remplis l’incorporateur de matières solides à l’aide d’un télescopique. Je réalise deux fois par semaine un prélèvement dans le digesteur ainsi que le post-digesteur afin de relever leurs températures et pH, puis je mets des échantillons en étuve afin d’obtenir sous 24h leur taux de matière sèche.

Une fois le site propre, je me rends au bureau pour consulter mes mails et réaliser les tâches administratives. Je peux suivre le site de méthanisation à distance, sur mon ordinateur, tout en effectuant ces autres tâches. Si je reçois des alarmes sur mon téléphone, je dois me rendre sur le site pour les gérer. Et puis en méthanisation, il y a souvent des petites surprises… une pompe bouchée, le séparateur de phase qui s’arrête alors qu’il ne devrait pas…  pallier les imprévus, on ne s’ennuie jamais ! 

L’après-midi, je fais le relevé des indicateurs et je l’enregistre chaque jour dans un cahier. Je réalise l’entretien des agitateurs, du télescopique, et autre nettoyage divers. Puis je reprends les tâches administratives pour m’occuper des dossiers en cours. »

En tant que femme, a‑t-il été facile de trouver votre place dans cet univers encore très masculin ? 

« Avant de me reconvertir dans la méthanisation, j’étais caviste. J’avais alors une vingtaine d’années et à l’époque, ce métier était plutôt un métier d’hommes. Au début, ça n’a pas été facile. J’étais jeune, une femme, sans expérience dans le métier. Mes clients principaux étaient des restaurateurs, des chefs, des hommes. Il y avait très peu de femmes ! On me faisait parfois des remarques mais comme j’adore l’humour, je répondais toujours sur le ton de la plaisanterie, et ça fonctionnait. Et puis au fil du temps, je leur ai prouvé que j’étais compétente. Ils me faisaient confiance et étaient avides de conseils.

Je n’ai pas du tout ressenti cela dans mon nouveau métier en méthanisation ! Je travaille avec des personnes vraiment super au quotidien. Je pense qu’il ne faut pas genrer les métiers, il y a vraiment de la place pour tout le monde. L’important, c’est la motivation. Il faut savoir ce que l’on a vraiment envie de faire et s’écouter pour aller au bout ! »


Marine Rémy, ingénieure d’affaire chez Méthalac

Quel métier exercez-vous et en quoi consiste-t-il ? 

« Je suis ingénieure d’affaire chez Méthalac, une société française spécialisée dans la conception et la construction d’unités de méthanisation depuis plus de 10 ans. Mes missions sont les suivantes : promouvoir la société Méthalac, identifier de nouveaux porteurs de projets et répondre à leurs besoins. Pour la partie promotion et sensibilisation, je participe aux événements de la filière et j’organise des visites d’unités. Pour répondre aux besoins, je travaille en étroite collaboration avec notre bureau d’études : ingénieur.e process, ingénieur.e thermique, dessinateur-projeteur… Lorsque le dimensionnement est validé,  je suis chargée de rédiger et présenter l’offre aux porteurs de projets. »

Quels sont les aspects de votre métier que vous aimez le plus ?

« On ne s’ennuie jamais, on apprend tous les jours ! La méthanisation est un domaine d’activités pluridisciplinaire et en perpétuelle évolution. Les interlocuteurs sont variés et chaque projet a ses spécificités. »

D’où vient votre intérêt pour la filière de la méthanisation et diriez-vous que vous exercez un métier qui a du sens ? 

« Mes parents étant expatriés, j’ai grandi en Afrique jusqu’à mes 13 ans. Cette expérience m’a sensibilisée à l’insécurité alimentaire et aux problématiques énergétiques. J’ai toujours voulu exercer un métier qui a du sens, tant d’un point de vue humain qu’environnemental. Je pense que la méthanisation s’inscrit dans plusieurs enjeux très importants : l’environnement et la gestion des déchets, la politique énergétique et l’avenir de nos agriculteurs. Participer à mon échelle au développement d’une énergie renouvelable et d’un système durable de production agricole est une vraie fierté. »

Comment s’est déroulée votre formation et a‑t-il été facile de trouver du travail à l’issue de celle-ci ?

« Je suis diplômée de l’Institut supérieur agriculture de Lille (ISA). Il s’agit d’un diplôme d’ingénieur généraliste. Au cours de mes études, j’ai été sensibilisée au domaine de la méthanisation, un secteur d’activité en plein essor et qui offre de nombreuses opportunités. J’ai facilement trouvé chaussure à mon pied ! »

En tant que femme, a‑t-il été facile de trouver votre place dans cet univers encore très masculin ?

« Je n’ai pas rencontré de difficultés particulières à être une femme dans le domaine de la méthanisation. Je pense qu’avant toute chose, c’est un univers de passionné.e.s et tous les échanges que j’ai pu avoir étaient constructifs. Le partage d’expériences est très présent ! » 


Victoire Bergougnan, responsable d’unité de méthanisation agricole

Quel métier exercez-vous et en quoi consiste-t-il ? 

« Je suis responsable d’une unité de méthanisation agricole à côté de Châteauroux, dans l’Indre. Je suis en charge de la gestion du site, de la production du biogaz, du suivi biologique et des tâches administratives. Je suis 5 jours sur 7 sur le site et je fais le tour de l’unité tous les matins pour effectuer toutes les vérifications. Les maintenances sont gérées par mes collègues mais j’assure un suivi continu et nous avons mis en place un roulement pour les astreintes. Je suis très pointilleuse sur la saisie de données pour savoir tout ce qui rentre dans le méthaniseur et tout ce qui en sort ! Mon collègue s’occupe du chargement de la trémie d’incorporation mais j’interviens en amont sur le suivi biologique pour le camp d’alimentation. »

Quels sont les aspects de votre métier que vous aimez le plus ?

« La biologie, c’est ce qu’il y a de plus important. Si les bactéries sont malades, on ne pourra pas produire de gaz. C’est comme un élevage ou comme dans une panse de vache ! Il est donc très important de soigner le plan d’alimentation pour la journée. Le suivi biologique nous permet d’observer la manière dont réagissent les bactéries selon ce qu’on incorpore et d’adapter le plan d’alimentation au besoin. Pour cela, j’ai une sorte de mini labo, un « SNAC ». En seulement 1h, j’ai les résultats. Je peux donc essayer, tester, faire le suivi tous les jours, plusieurs fois par jour, et adapter en fonction des tests effectués. J’envoie mes échantillons tous les 15 jours à Biogaz PlanET France, ce qui me permet de vérifier si les analyses sont correctes et si les étalonnages sont bons de mon côté. Je trouve tout cela passionnant ! Mon métier est vraiment très varié. On apprend tous les jours et il y a une évolution constante. Il faut se former régulièrement, s’adapter aux nouvelles règlementations chaque année, se mettre à jour constamment. On ne s’ennuie pas ! »

Quel est votre parcours et d’où vient votre intérêt pour la filière de la méthanisation ?

« Je me suis d’abord orientée vers l’aménagement paysager mais je n’ai finalement jamais travaillé dans ce secteur. J’ai eu la chance de suivre la construction du projet de méthaniseur dans lequel je travaille aujourd’hui, car c’est celui de mon père et de son associé. La méthanisation m’a donc très vite attirée ! Après mon BTS et à la fin de ma licence pro en aménagement paysager, je les ai aidés pour la première année d’ensilage et la montée en charge du méthaniseur. Je suis allée au cluster Méthatlantique à Nantes, puis j’ai passé mon certificat de spécialisation « Responsable d’unité de méthanisation agricole » aux Herbiers, où j’ai fait partie de la première promotion, tout en travaillant sur le site de mon père, en parallèle. Et mon intérêt pour la biologie remonte à loin, j’ai toujours adoré ça, j’ai d’ailleurs fait un bac S. »

En tant que femme, a‑t-il été facile de trouver votre place dans cet univers encore très masculin ?

« Cette question me fait penser à une anecdote lors d’une visite d’un méthaniseur en Allemagne. J’ai alors rencontré une femme allemande qui était très surprise d’avoir en face d’elle une femme responsable d’unité. C’est la seule fois où j’ai senti une différence en tant que femme. Ça montre qu’il faut plus de représentations féminines ! Les femmes ne devraient pas hésiter à se lancer. Dans ma formation, j’étais la seule femme de ma promo mais je me suis tout de suite sentie à ma place. Contrairement à l’aménagement paysager où j’ai pu ressentir cette différence, je n’ai jamais rien ressenti de tel dans la méthanisation. Physiquement, pour les maintenances par exemple, on est peut-être un peu moins efficace parfois mais on se débrouille ! Et il ne faut pas avoir peur de mettre les mains dans le digestat (rires). Je trouve que la filière manque encore de succès auprès des femmes, peut-être par manque de connaissances ou idées reçues. Je le vois dans nos groupes de travail par exemple. Les femmes qui travaillent dans la filière sont surtout concentrées dans les métiers administratifs. J’encourage vraiment toutes les femmes qui se posent la question à nous rejoindre. »


Audrey Rousseau, responsable d’équipe et cheffe de projet

Quel métier exercez-vous et en quoi consiste-t-il ? 

« Je suis responsable d’équipe et cheffe de projet sur plusieurs missions. Mon temps de travail se répartit entre la réalisation de mes missions, l’encadrement de l’équipe pour organiser la répartition des tâches, la réalisation d’offres commerciales, et la participation à des évènements, des réunions et rendez-vous commerciaux ou de réseau. »

Quels sont les aspects de votre métier que vous aimez le plus ? 

« Contribuer à l’émergence de projets et à l’orientation du développement des projets en réalisant des études auprès de porteurs de projet de méthanisation et d’acteurs de la filière (ADEME, GRDF…). J’apprécie d’alterner du travail technique au bureau et des rencontres de terrain avec les porteurs de projet et exploitants d’installations de méthanisation. J’aime être en contact avec des élus, des agriculteurs, et d’autres acteurs intéressés par la transition écologique et énergétique. J’aime également le management d’équipe, accompagner les chargés de missions pour monter en compétences et organiser le travail entre les membres du pôle. »

Parlez-nous de votre parcours. D’où vient votre intérêt pour la filière de la méthanisation ? 

« J’ai poursuivi des études d’ingénieur agronome à l’INA P‑G (Agroparitech) avec l’ambition de travailler dans le domaine de l’environnement. J’ai d’abord eu une première expérience dans le domaine des démarches qualité en agriculture au sein des Chambres d’agriculture au niveau national, puis dans le domaine des énergies renouvelables en agriculture sur l’île de la Réunion. C’est là-bas que j’ai commencé à m’intéresser à la méthanisation. À mon retour de la Réunion, je n’ai pas trouvé d’emploi dans ce domaine et j’ai eu une expérience dans un organisme para-public Etat/Région sur les métiers et formations dans le domaine de l’économie verte en Nord-Pas-de-Calais. La méthanisation m’intéresse car c’est à l’interface entre la gestion des déchets, l’agriculture et la production d‘énergies renouvelables. Elle fait appel à des connaissances en biologie, technologie/process, aménagement du territoire, économie, agronomie, réglementaire… »

En tant que femme, a‑t-il été facile de trouver votre place dans cet univers encore très masculin ? 

«  J’ai souvent été en contact avec des hommes dans le cadre de mon travail, j’ai généralement été bien accueillie. L’entreprise dans laquelle je travaille respecte l’égalité hommes-femmes. Il est parfois un peu plus difficile de s’affirmer auprès d’homologues ou de supérieurs masculins, la façon de communiquer de certains étant parfois insuffisante ou un peu sèche. »

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