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ENGIE Entreprises & Collectivités : cent sites de méthanisation certifiés RED II

Un an après le début des certifications RED II, l’agence Biométhane d’ENGIE Entreprises & Collectivités a accompagné près d’une centaine d’unités de méthanisation vers la certification RED II. Entretien et bilan avec Marion Crusset, sa responsable certification.

En complément d’ENGIE Bioz qui développe et exploite ses propres unités de méthanisation, une autre structure, ENGIE Entreprises & Collectivités, achète et commercialise le biométhane produit par environ 350 unités de méthanisation en injection sur les 650 sites actuellement en service en France. Depuis déjà 2022, l’agence biométhane accompagne ses producteurs vers la certification RED II. Celle-ci est obligatoire pour les unités de plus de 19,5 GWh/an de production ou qui ont une capacité maximale contractuelle supérieure à 200 NM3/h. Cette certification garantit que le biométhane produit a un bilan carbone inférieur à 24 g de CO2 par MJ PCI (méga joule) injecté, ce qui correspond à une émission de CO2 inférieure d’au moins 70 % par rapport au gaz fossile. Cela certifie aussi que le site et ses intrants respectent des critères de durabilité et de traçabilité imposés par la Directive européenne.

Date limite

La date butoir pour être certifié, initialement fixée au 1er juillet 2023, a finalement été reportée au 31/12/23 par l’administration, compte tenu des enjeux de disponibilité des organismes de certification et des bureaux d’études, explique Marion Crusset. Pour les unités « obligées », la fin de l’année a donc été mouvementée avec de nombreuses mises en service. Parmi les 100 sites aujourd’hui certifiés, 87 étaient des « obligés ». 

Un accompagnement des producteurs pour préparer leur certification

ENGIE ne réalise pas l’audit fait par un cabinet extérieur, mais avec l’équipe de 5 personnes que je supervise, nous proposons de passer des audits « blancs » afin de mieux préparer les sites, poursuit Marion Crusset. Nous suivons toutes les étapes d’une vraie certification ; la première consistant à faire un tour du site pour s’imprégner de ses spécificités. Ensuite, vient l’analyse de tous les intrants avec vérification de la traçabilité des matières et de leur durabilité. Les auditeurs évaluent les matières en provenance des exploitations (biomasse végétale, CIVEs, cultures dédiées) en tenant compte des pratiques culturales. Pour les apporteurs industriels, cela dépend si les intrants sont considérés comme des déchets ou des produits. S’ils sont classifiés « déchets », les industriels ont à fournir une auto-déclaration (origine de la matière, point de collecte…) ; si c’est un « produit », ils doivent lui attribuer un impact carbone. Ce n’est pas toujours facile, car cela dépend de fournisseurs extérieurs et nous devons nous assurer qu’ils répondent bien à ces requêtes, d’où l’intérêt de l’audit blanc.

Des réglementations encore à concilier

Les biodéchets issus de collectivités ou autres ne posent pas de souci d’un point de vue RED II s’ils sont bien déclarés. En revanche, je note qu’il peut exister des contradictions entre la réglementation, liée à l’agrément sanitaire, et la certification RED II concernant les biodéchets et les résidus d’élevage, indique Marion Crusset. En effet, pour respecter la réglementation sanitaire et parfois ses spécificités locales, il est fréquent que les producteurs se retrouvent bloqués sur l’incorporation commune d’effluents d’élevage et de biodéchets, alors même que la Directive RED II prône la production d’énergie à partir de ces matières (qui environnementalement parlant sont les plus intéressantes et les plus vertueuses). 

Bilan massique

Lors de l’étape suivante, l’audit analyse le bilan massique : la quantité de biométhane produite correspond-elle bien aux quantités et qualités de matières entrées dans l’unité ?

À partir de là, on obtient le bilan GES qui doit être inférieur à 24 g de CO2/mégajoule PCI injecté pour les sites mis en service après le 1er janvier 2021, soit une diminution de 70 % de GES par rapport au gaz fossile. Les sites avec des effluents d’élevage n’ont pas de problème pour atteindre ces seuils, mais pour certains sites avec des intrants végétaux et industriels, c’est parfois plus problématique. Il existe plusieurs outils de calcul pour réaliser le bilan GES. Vous pouvez prendre certaines valeurs par défaut avec le calculateur mis en place par France Gaz Renouvelable par exemple, mais sur certains sites « limites » relativement au résultat attendu, il vaut mieux utiliser les valeurs réelles pour affiner le résultat. Nous avons d’ailleurs mis en place très récemment notre propre calculateur pour en tenir compte. Les calculateurs serviront également plus tard, car la certification doit être suivie dans le temps.

Énergie décarbonée, un engagement de tous 

La certification durable s’inscrit sur l’ensemble de la chaîne de valeur, avec l’obligation de traçage du biométhane jusqu’à la revente au client final.

Les sites obligés doivent être certifiés, c’est une condition d’octroi de leur rémunération. Au regard des enjeux globaux de décarbonation,  les seuils d’émission de CO2 à venir vont être encore renforcés : de 24 g, l’exigence va être portée à 16 g de CO2/MJ (soit 80 % de réduction par rapport au gaz fossile) au 1er janvier 2026.

Pour réduire le CO2, on peut travailler sur le process et les intrants, mais on peut aussi effectuer des captures de CO2. De nombreux projets de production de CO2 biogéniques se développent en ce moment dans la filière méthanisation.

La certification RED II présente certes des contraintes mais aussi des avantages. Elle va permettre, par exemple, de prouver que le biométhane est l’énergie la plus « décarbonante » de toutes les énergies françaises. On s’en doutait intuitivement, mais on peut ainsi et maintenant le démontrer. Cela est important pour la filière, notamment pour une meilleure prise en compte des biocarburants. Par ailleurs, pour diminuer les émissions, de nombreuses améliorations des process sont en cours, ce qui entraîne la filière méthanisation vers une professionnalisation toujours plus importante. 

Le sujet de la certification RED II est complexe et peut être long, raison pour laquelle une équipe dédiée chez ENGIE Entreprises & Collectivités peut vous accompagner dans cette démarche. 

À propos de l'auteur

Marion Crusset

Agence Biométhane, responsable Certification RED II, ENGIE Entreprises & Collectivités.

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