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Le Maroc a accueilli la MEDCOP22 à Tanger

Le Maroc a accueil­li la MEDCOP22 dans la ville de Tanger les 18 et 19 juil­let 2016, une étape essen­tielle qui précède la COP22 de Marrakech

Green Inno­va­tion. Vous hon­oriez la MEDCOP22 de votre présence. Quelle syn­thèse pour­riez-vous faire à ce jour de cet événe­ment inter­na­tion­al où tous les acteurs de la société civile étaient réu­nis pour le climat ?

Haki­ma el-Haite. J’étais à Tanger effec­tive­ment. La MEDCOP22 a con­sti­tué une étape impor­tante ; elle a don­né suite au fruit d’un tra­vail né en France, provenant des col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ales et de la région PACA, qui ont su mobilis­er les ter­ri­toires et les entre­pris­es ! Un départ essen­tiel, avec la nais­sance d’une nou­velle généra­tion de défenseurs du cli­mat volon­taire­ment engagés à trans­former les mau­vais­es pra­tiques qui nuisent au cli­mat… L’importance de Tanger résidait dans la dura­bil­ité et la con­ti­nu­ité de ce proces­sus, afin d’entériner les bonnes pra­tiques et aus­si de con­stater l’avancement des réal­i­sa­tions faites depuis la MEDCOP21.

La MEDCOP22 a représen­té un moment essen­tiel où les citoyens ont mon­tré leur volon­té de change­ment. Et l’on peut faire tous les beaux dis­cours du monde, si nous n’avons pas l’adhésion et la par­tic­i­pa­tion du citoyen qui est l’acteur du change­ment, nous ne réus­sirons pas ! Pour moi, Tanger et toutes les régions qui vont suiv­re devront per­pétuer cette prise de con­science et remuer les foules pour aller encore plus loin. Le cli­mat chang­era si nous agis­sons ensem­ble ! Et quand je dis « ensem­ble », je veux dire « tous ensem­ble ». Cha­cun porte une respon­s­abil­ité dans ses choix de con­som­ma­tion, de pro­duc­tion, d’éducation…

Le deux­ième aspect de la MEDCOP22 révélait que l’espace méditer­ranéen en lui-même représente un lab­o­ra­toire de la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Il réu­nit toutes les con­tra­dic­tions et les vul­néra­bil­ités, mais aus­si des pays de niveau de développe­ment divers (avec pour objec­tif la diminu­tion de la tem­péra­ture) qui n’ont pas les mêmes enjeux, pra­tiques, prob­lé­ma­tiques et modes de vie… Tanger a recueil­li la diver­sité des prob­lèmes, les enjeux et les capac­ités de mise en œuvre. Si l’on réus­sit autour de la Méditer­ranée, nous gag­nerons notre défi. Et la Méditer­ranée, pen­dant des siè­cles avec ses dif­férentes civil­i­sa­tions, a su innover et anticiper ! Elle a su prou­ver que des pra­tiques de développe­ment durable exis­taient comme en Ital­ie, en Espagne, au Maroc… avec des pra­tiques de résilience (ges­tion de l’eau ratio­nal­isée…). Depuis, la vision du développe­ment a évolué avec l’innovation, mais on a omis d’intégrer ces bonnes pra­tiques. Donc, il faut revoir les modes de pro­duc­tion et ten­dre vers des con­som­ma­tions rationnelles. En fait, revenir à des choix per­son­nels durables (voiture, mai­son, iso­la­tion, ges­tion des déchets,) à faible impact pour le monde de demain ! La Méditer­ranée a su aus­si répon­dre à des prob­lé­ma­tiques de tech­nolo­gie. Aujourd’hui, la nou­velle révo­lu­tion indus­trielle requiert de la part des inven­teurs et des indus­triels de chang­er et d’aller vers des tech­nolo­gies de rup­ture. L’espace méditer­ranéen pour­rait devenir le creuset de l’exemplarité en matière de tran­si­tion énergétique.

En dernier lieu, la Méditer­ranée devrait s’ouvrir et se retourn­er vers l’Afrique. Aujourd’hui, le ter­ri­toire qui a été nom­mé­ment cité dans l’Accord de Paris, c’est l’Afrique. L’Afrique est con­sti­tuée de vul­néra­bil­ités, mais elle est un réser­voir de développe­ment de nou­velles tech­nolo­gies excep­tion­nel ! Et il reste beau­coup à faire sur cet immense con­ti­nent. À tra­vers le savoir-faire du Nord (celui du Maroc et d’autres pays), nous pou­vons aider l’Afrique à con­stru­ire la civil­i­sa­tion de demain. L’Afrique pour­rait devenir le creuset de la civil­i­sa­tion décar­bonée, et cela grâce au savoir-faire et au trans­fert de tech­nolo­gies des pays de l’Afrique du Nord. Tous les principes de l’Accord de Paris pour­raient être mis en œuvre dans les pays du pour­tour méditer­ranéen. Et cela parce que la Méditer­ranée est aujourd’hui rem­plie de souf­frances : la sécher­esse, la dégra­da­tion des ter­res, l’insécurité ali­men­taire et le manque d’eau (sou­vent à l’origine des con­flits), des phénomènes de migra­tion qui provo­quent des morts tous les jours en Méditerranée…

Aujourd’hui, la sol­i­dar­ité envers la Méditer­ranée et ses pays riverains les plus vul­nérables est déter­mi­nante ! Les pays de la Méditer­ranée doivent con­stru­ire un pacte de la Méditer­ranée. Sa Majesté par­le de la néces­sité d’un plan Mar­shall pour la Méditer­ranée ; ce plan pour­rait don­ner un très bel exem­ple au monde entier.

Green Inno­va­tion. La COP22 se déroulera cette année au mois de novem­bre au Maroc, dans la ville de Marrakech.

Haki­ma el-Haite. Les principes et les bases sont les mêmes que ceux de la COP21. Le dénom­i­na­teur com­mun est l’action et l’appel à la réac­tion ! Aujourd’hui, l’urgence est celle d’agir et de ne surtout pas atten­dre que les choses se passent. Et cette néces­sité, nous y sommes con­fron­tés. Les straté­gies de long terme (à l’horizon 2050) représen­tent une étape. Mais il est néces­saire de bâtir un plan d’action de court terme. Le change­ment cli­ma­tique est là, il faut y apporter des répons­es con­crètes aujourd’hui ! Et notam­ment dans des pays qui ont pris du retard comme l’Afrique. Si le retard de ce con­ti­nent pou­vait être trans­for­mé en une oppor­tu­nité de développe­ment excep­tion­nel et durable, ce serait mag­nifique. Le cli­mat ne représente pas que des cat­a­stro­phes, il crée aus­si des oppor­tu­nités d’emplois et de crois­sance… Dans cette philoso­phie, des béné­fices peu­vent être générés pour les pays les plus vul­nérables de cette région. Les pro­jets sont généra­teurs de valeur ajoutée.

Green Inno­va­tion. Pensez-vous que la péd­a­gogie soit suff­isante con­cer­nant la lutte con­tre le réchauf­fe­ment climatique ?

Haki­ma el-Haite. Non, la péd­a­gogie n’est pas suff­isante. Il faut con­tin­uer et répon­dre aux recom­man­da­tions qui ont été faites par le roi du Maroc. Sa Majesté a pro­posé qu’on crée un GEEC (un groupe­ment d’experts de l’Union pour la Méditer­ranée sur le change­ment cli­ma­tique) pour aller plus loin dans l’approche des prob­lé­ma­tiques et des solu­tions ! Il a pro­posé une vision et souhaite un pro­jet pour la Méditer­ranée. Cela est vrai­ment excep­tion­nel ! Nous devons aller dans ce sens en espérant expos­er nos travaux lors de la COP22. La propo­si­tion de Sa Majesté est bril­lante… Elle représente une stratégie à long terme, avec une feuille de route à court et à moyen terme. Ce pro­jet de société place le développe­ment durable au cœur de l’éducation nationale. Le pro­jet du roi Mohammed VI pour­rait révo­lu­tion­ner les généra­tions de demain !

Green Inno­va­tion. Quels sont vos objec­tifs pour ce ren­dez-vous essentiel ?

Haki­ma el-Haite. L’objectif prin­ci­pal est d’essayer de mul­ti­pli­er les ini­tia­tives au niveau de la COP22, mais aus­si les réseaux et les con­nex­ions pour échang­er les bonnes pra­tiques et les meilleures actions. Je lance un appel à tous les citoyens du monde pour qu’ils se sen­tent sol­idaires des gens qui souf­frent du cli­mat, moyen­nant la créa­tion de fonds de sol­i­dar­ité dans leurs pays respec­tifs. Cha­cun peut don­ner en fonc­tion de ses moyens… Le nom­bre de par­tic­i­pants et les col­lectes pour­raient être un indi­ca­teur de sol­i­dar­ité sans précédent.

Donc, j’appelle à ce que ces pays créent ces fonds et vien­nent nous faire part de leurs résul­tats lors de la COP22. 

Pro­pos recueil­lis par Marie Cor­net-Ash­by

À propos de l'auteur

Hakima El-Haite

Ministre déléguée auprès du ministre de l’Énergie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, chargée de l’Environnement.

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