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GRDF Grand Est : décarboner avec la méthanisation

GRDF Grand Est s’est impliqué très tôt avec la Région dans la filière méthanisation. L’objectif est aujourd’hui d’aller vers la décarbonation grâce à de nombreuses actions de terrain. Emmanuel Connesson, directeur adjoint région Grand Est en charge des gaz renouvelables, nous dévoile les objectifs et le calendrier.

« GRDF a lancé fin avril 2024 son plan décarbonation pour contribuer plus  fortement à l’atteinte des objectifs climatiques de l’accord de Paris. Le besoin impérieux d’atteindre une neutralité carbone en 2050 n’est plus une option. Être distributeur de gaz et être décarboné est possible. En effet, la filière de la méthanisation a montré qu’elle pouvait jouer un rôle essentiel dans la décarbonation des gaz verts et de la mobilité avec des solutions pragmatiques. D’autres technologies sont également à développer, car nous aurons besoin de plus en plus de gaz vert.

Objectif 50 TWH

Nous considérons que nous avons trois leviers majeurs pour parvenir à cet objectif en 2050. En premier lieu, inciter nos clients à réduire leur propre consommation. Puis accompagner la filière de production pour passer à 20 % de gaz vert dans nos réseaux à horizon 2030. Enfin, bien sûr, en agissant sur la réduction de nos propres émissions de CO2 dans toutes nos activités.

Début 2024, la capacité de production de biométhane injecté dans le réseau était de 12 TWh, soit l’équivalent de deux centrales nucléaires, avec 637 sites en fonctionnement fin avril 2024. C’est l’équivalent de la consommation de 3 millions de logements neufs. L’ambition de GRDF est d’atteindre les 50 TWh en 2030 de biométhane avec la méthanisation, mais aussi 6 TWh avec la pyrogazéification et 2 TWh avec la gazéification hydrothermale. La direction régionale de GRDF , avec un appui et la volonté de la Région Grand Est , a permis d’atteindre une production de  2,6 TWh avec 124 sites raccordés aux réseaux, soit 6 % de la consommation totale de gaz de la Région, habitation et industrie comprises, contre environ 4 % pour la France entière. Avec les projets qui devraient entrer en service au cours des deux prochaines années, nous devrions arriver à 10 % environ dans la région en 2026. Nous projetons d’atteindre entre 8 et 9 TWh en 2030, avec 1 TWh en plus de pyrogazéification. Cela implique de passer de 124 à 350 sites raccordés au réseau en 2030 !

Accompagner la filière

Pour atteindre ces objectifs, il est primordial de soigner l’acceptation des projets. La méconnaissance et la crainte de l’inconnu génèrent encore un blocage des populations dans de nombreux projets. Afin que la population locale accepte la méthanisation, il est nécessaire d’en expliquer son fonctionnement. Il est aussi vital de montrer ses retombées dans le territoire, tant en production d’énergie renouvelable que de diminution d’engrais chimique et de création d’emplois locaux, sans oublier la diminution de l’empreinte CO2 avec sa récupération pour des serres ou d’autres usages locaux. Il ne faut pas expliquer seulement le projet sous l’angle “je produis une ENR”, mais aussi en s’intéressant à l’ensemble des bénéfices sociétaux induits. Pour cela, nous accompagnons les porteurs de projets en les conseillant sur les actions de sensibilisation à mener, les mettant en relation avec les interlocuteurs locaux. Plus tôt un porteur de projet vient vers nous, plus tôt nous pouvons l’aider à comprendre ce qui caractérise son territoire et à identifier les acteurs et les actions à mener pour démarrer le projet sur de bonnes bases.

Productions et usages

Nous pensons que la typologie des projets va évoluer vers des unités de taille plus importante. En plus des unités de méthanisation créées par un ou plusieurs agriculteurs, d’autres acteurs se mobilisent : groupe énergétique, développeurs avec leur capacité d’investissement. Ces projets de plus grande taille peuvent inclure des agriculteurs détenteurs du gisement d’intrants. Une chose certaine cependant est qu’il y aura beaucoup de demandes de gaz vert à l’avenir. Outre nos 12 millions de clients en chauffage, 70 % des usages en industrie n’auront pas de solutions électriques avant au moins 2030 pour verdir leur production. Enfin, l’usage de la mobilité apparaît pour décarboner le transport lourd de marchandises et voyageurs avec un réseau d’avitaillement qui se densifie. Vingt-six stations publiques existent aujourd’hui dans la région Grand Est et 10 de plus sont attendues fin 2024. À cela s’ajoutent 34 stations privées. GRDF est associé au plan mobilité bas-carbone de la Région pour fournir aux acteurs du transport des solutions de décarbonation, avec un dispositif en deux temps : étude territoriale des besoins pour les collectivités et financement partiel des véhicules pour les acteurs du transport.

Des guides de haute montagne 

Pour multiplier par 4 les capacités d’ici 2030, GRDF Grand Est a décidé de mettre des ressources humaines à disposition des acteurs de la filière. Nous passons de 4 à 5 ingénieurs d’affaires qui accompagnent les porteurs de projets, de l’idée à la mise en service. Ce sont de véritables « guides de haute montagne » de la méthanisation. Nous dédions également un animateur filière pour travailler sur le développement et l’avancement des projets avec les acteurs de la filière. Enfin, nous avons un interlocuteur dédié pour nos clients producteurs qui injectent dans nos réseaux.

La motivation des acteurs publics et privés est essentielle. La région Grand Est a toujours eu une stratégie claire, à savoir de vouloir demeurer leader sur le biogaz et nous avons la chance d’avoir une filière soutenue et consciente des enjeux et du potentiel économique des gaz verts.

Aider  les  nouvelles technologies

Pour atteindre les 20 % de biogaz, GRDF lance régulièrement des appels à projets, catalyseurs pour développer de nouvelles solutions techniques d’optimisation des unités existantes ou encore la recherche de valorisation complémentaire. Un seul exemple : la récente récupération du CO2 biogénique en Moselle et dans l’Aube qui sera utilisé dans une bière servie aux prochains JO !

Nous nous tournons aussi vers d’autres technologies de production comme la pyrogazéification et la gazéification hydrothermale. Comme pour le biogaz, nous partons du commencement et GRDF rencontre aujourd’hui les acteurs des filières bois et traitement de déchets pour analyser les flux et le potentiel. Des projets sont bien avancés, mais pour passer le cap de mise en œuvre, il faudrait un tarif d’achat. C’est essentiel pour que cette filière démarre. C’est pourquoi la filière attend avec impatience la sortie de l’ appel à projet de l’Ademe. Côté gazéification, nous en sommes au balbutiement mais la problématique des contraintes réglementaires d’épandage à gérer avec les boues de STEP devrait faire naître les premiers démonstrateurs », conclut Emmanuel Connesson.

À propos de l'auteur

Emmanuel Connesson

Directeur adjoint région Grand Est en charge des gaz renouvelables.

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