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5G, IoT, intelligence artificielle, transition écologique : la troisième révolution industrielle est en marche

Dans son dernier ouvrage, La troisième révo­lu­tion indus­trielle, l’économiste, soci­o­logue et essay­iste améri­cain Jere­my Rifkin indique que nos sociétés vivent les débuts d’une nou­velle révo­lu­tion, numérique, con­nec­tée et partagée. En pointe et inter­con­nec­tés, la 5G, l’Internet des objets, l’intelligence arti­fi­cielle, les éner­gies renou­ve­lables, la mobil­ité durable, etc. Quand l’innovation tech­nologique est au ser­vice de la tran­si­tion écologique.

Sommes-nous en train de vivre la fin d’une ère ? De l’avis de nom­breux experts, la réponse est oui. Cette muta­tion touche une économie mon­di­ale qui repose sur les éner­gies fos­siles, le tra­vail à temps plein, un cap­i­tal­isme sans aucune régu­la­tion, l’organisation ver­ti­cale des entre­pris­es et une ges­tion marchande du monde. Après la vapeur, l’électricité, la troisième révo­lu­tion indus­trielle utilise (déjà) les tech­nolo­gies de l’information et de la com­mu­ni­ca­tion ren­for­cées par l’explosion du numérique, de l’Internet des objets (Inter­net of Things ou IoT), de l’intelligence arti­fi­cielle et bien­tôt de la 5G. C’est une véri­ta­ble révo­lu­tion, ou plutôt muta­tion, que nous sommes en train de vivre.

Chang­er de paradigme

Dans ce con­texte, c’est tout le sys­tème qui est sur le point de bas­culer. Aux qua­tre coins de la planète, les peu­ples ont ouvert les yeux sur la cat­a­stro­phe envi­ron­nemen­tale en passe de nous sub­merg­er. Dès lors, il ne s’agit plus de s’en tenir à un strict tri des déchets, mais bien de repenser nos modes de vie dans tous les domaines : l’entreprise, nos foy­ers, notre façon de nous déplac­er, de nous chauf­fer, de nous ali­menter, de tra­vailler, de nous vêtir, etc.

L’économie elle-même est repen­sée pour être extraite du cadre strict du cap­i­tal­isme jugé dérégulé, sauvage. Ain­si, une économie col­lab­o­ra­tive, que d’aucuns jugeront « rad­i­cale », se met déjà en place. Des bâti­ments génèrent déjà leur pro­pre énergie verte, en parta­gent les sur­plus. L’objectif, à moyen terme, est de faire de ces bâti­ments des « mini­cen­trales énergé­tiques » qui créent leur pro­pre énergie, la con­som­ment, la reven­dent pour génér­er des prof­its sus­cep­ti­bles d’être réin­vestis dans les infra­struc­tures pour les moderniser.

D’ores et déjà, les avancées tech­nologiques dans le domaine de l’IoT améliorent la ges­tion énergé­tique des bâti­ments qui devi­en­nent, selon l’expression con­sacrée, « intel­li­gents ». Ain­si, de nou­velles con­struc­tions sont équipées de cap­teurs et de sys­tèmes inté­grés qui per­me­t­tent de réguler le chauffage ou la cli­ma­ti­sa­tion, mais aus­si l’éclairage. Cer­tains bâti­ments sont égale­ment équipés de pan­neaux pho­to­voltaïques con­nec­tés à un sys­tème cen­tral d’éclairage.

L’énergie, nous le savons tous aujourd’hui, est au cœur de ce nou­veau sys­tème. À l’instar de Rifkin, beau­coup imag­i­nent un « Inter­net de l’énergie » pour faciliter les échanges d’énergie entre petits pro­duc­teurs indépen­dants à tra­vers le monde. Chaque pro­duc­teur devien­dra en fait un véri­ta­ble hub énergé­tique, capa­ble de génér­er et de con­som­mer sa pro­pre énergie, mais aus­si de stock­er et de trans­met­tre les sur­plus, en les ven­dant ou en les échangeant. Chaque hub devien­dra ain­si pro­duc­teur, con­som­ma­teur et vendeur ou échangeur d’énergie.

IoT et intel­li­gence artificielle

Ce nou­veau par­a­digme économique doit repos­er sur une col­lab­o­ra­tion inté­grale, gage de révo­lu­tion socié­tale, économique et énergé­tique. Ce par­a­digme repose sur l’idée qu’il ne faut pas pro­duire ni con­som­mer plus qu’on ne peut l’assumer sur le long terme. Tel est l’adage de Rifkin. Cette troisième révo­lu­tion repose sur le lien entre les com­mu­nautés. Or, ce lien sera facil­ité grâce aux nou­velles tech­nolo­gies. Grâce à la mod­éli­sa­tion des don­nées du bâti­ment (Build­ing Infor­ma­tion Mod­el­ing ou BIM), il est pos­si­ble de sim­pli­fi­er le proces­sus de déci­sion, d’automatiser la créa­tion d’un mod­èle énergé­tique, par exem­ple en con­nec­tant l’ensemble des objets intel­li­gents pour une meilleure effi­cac­ité énergé­tique. L’IoT se retrou­ve dans les secteurs stratégiques du bâti­ment, comme les fenêtres, le ther­mo­stat, les radi­a­teurs, l’électroménager et l’éclairage. Il per­met une meilleure ges­tion de la con­som­ma­tion d’énergie, mais aus­si de repér­er les prob­lèmes et d’apporter les solu­tions adéquates.

Pana­son­ic a récem­ment présen­té au salon IFA de Berlin sa nou­velle mai­son du futur, ultra-con­nec­tée, équipée d’une mul­ti­tude de cap­teurs. Si cette mai­son est avant tout tournée vers le con­fort et l’entertainment, cer­taines tech­nolo­gies sont très intéres­santes du point de vue énergé­tique et, bien sûr, écologique.

L’intelligence arti­fi­cielle est égale­ment un out­il très per­for­mant pour la tran­si­tion énergé­tique. Les smart grids ou réseaux élec­triques intel­li­gents per­me­t­tent d’identifier les entrées et sor­ties d’énergie et surtout les points de sur­con­som­ma­tion. Le sys­tème opti­mise la dis­tri­b­u­tion d’énergie dans le réseau et per­met d’ajuster les flux d’électricité en temps réel grâce à la cir­cu­la­tion d’informations.

5G et effi­cac­ité énergétique

Avec la 5G, notre société entre dans une nou­velle ère. Cette inno­va­tion offre la pos­si­bil­ité de répon­dre à une demande des réseaux sans fil beau­coup plus rapi­de­ment et avec une plus grande capac­ité. Les télécharge­ments sont cent fois plus rapi­des et le temps de réponse, 10 à 50 fois plus court. Con­séquence : l’impact sur la con­som­ma­tion d’énergie est diminué.

La 5G va ain­si con­necter tout ce qui ne l’est pas encore. Télé­phones, voitures, camions, objets divers, villes, trans­ports en com­mun, l’ensemble de nos out­ils seront prochaine­ment inter­con­nec­tés les uns aux autres et seront donc capa­bles de partager les infor­ma­tions, en temps réel. La meilleure répar­ti­tion du traf­ic des com­mu­ni­ca­tions per­me­t­tra des gains énergétiques.

Dans les appareils eux-mêmes, les piles dureront dix ans et non deux ou trois ans comme c’est le cas aujourd’hui. Car c’est le réseau qui « fera le tra­vail », c’est-à-dire qui assur­era le traite­ment. Le télé­phone n’aura donc plus besoin d’être rechargé souvent.

La 5G per­met déjà de trans­met­tre beau­coup plus de don­nées en util­isant moins d’énergie, grâce à la focal­i­sa­tion des com­mu­ni­ca­tions, c’est-à-dire en n’émettant que dans la direc­tion du récep­teur. Mais pour cela, les infra­struc­tures doivent être repen­sées et améliorées. Car IoT et 5G seront inter­con­nec­tés, ce qui représente d’énormes oppor­tu­nités pour les entre­pris­es, les par­ti­c­uliers et les col­lec­tiv­ités. La tech­nolo­gie 5G doit donc être économique en ter­mes d’énergie tout en mul­ti­pli­ant les pos­si­bil­ités pour l’ensemble de la société. Tel est le pari de cette révo­lu­tion qui com­mence à peine.

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