Environnement

L’Union de trois entreprises françaises au service de l’eau au Maroc

Située entre Rabat et la ville de Kéni­tra au Maroc, la com­mune de Sidi Taïbi et ses 30 000 habi­tants ne dis­posent d’aucune ali­men­ta­tion en eau potable. Les habi­tants utilisent en effet dif­férents puits dis­séminés dans la ville, où l’eau est par­fois chargée en nitrates issus des engrais util­isés par les exploita­tions agri­coles envi­ron­nantes. De même, l’accès à l’électricité demeure prob­lé­ma­tique pour de nom­breux habi­tants, cer­tains pos­sé­dant quelques rares pan­neaux pho­to­voltaïques à défaut de pou­voir béné­fici­er d’un réseau pub­lic d’électricité. Mal­gré ces insuff­i­sances, il a été décidé de pro­pos­er un accès à la cul­ture et à l’enseignement à Sidi Taïbi, avec la con­struc­tion du lycée Al-Annouar accueil­lant désor­mais 1 200 élèves. Mais l’établissement est isolé de tout rac­corde­ment en eau potable et en élec­tric­ité. Pour remédi­er à cette sit­u­a­tion, plusieurs entre­pris­es français­es ont don­né nais­sance à un pro­jet auda­cieux au ser­vice de ce nou­veau lycée.

La société Fir­mus, spé­cial­isée dans le traite­ment de l’eau, Belec­tric, entre­prise experte dans l’intégration de fer­mes pho­to­voltaïques, et Como­d­os, fab­ri­cant d’éoliennes (dont la société Anemoos est le dis­trib­u­teur), se sont en effet regroupés sous la houlette de la chaire Unesco « Simev » pour apporter une solu­tion rapi­de pour le lycée Al Annouar. Non rac­cordé en eau et en élec­tric­ité, ce lycée béné­ficiera d’une eau pro­pre à la con­som­ma­tion grâce à une sta­tion de traite­ment autonome qui traite l’eau du puits se trou­vant sur le ter­rain de l’établissement. Ce procédé va recevoir l’appui tech­nique de l’université de Kéni­tra qui fait par­tie du réseau de la chaire Unesco « Simev » dirigée par le pro­fesseur Louis Cot. L’université de Kéni­tra déléguera des sci­en­tifiques et tech­ni­ciens pour suiv­re de façon régulière le bon fonc­tion­nement de l’unité de pro­duc­tion et opér­er des relevés sys­té­ma­tiques pour doc­u­menter l’expérience. Le défi du pro­jet réside dans la maîtrise de toutes les tech­niques pour garan­tir la four­ni­ture quo­ti­di­enne d’une eau saine.

Les trois entre­pris­es ont donc dévelop­pé un con­cept de « mix-énergie » pou­vant répon­dre à ce besoin et plus large­ment aux besoins des pop­u­la­tions des pays en développe­ment cher­chant une solu­tion rapi­de et inté­grée pour la pro­duc­tion d’eau potable. D’ores et déjà, ce sys­tème de traite­ment d’eau autonome a mon­tré, lors de son test en con­di­tions réelles pen­dant plusieurs semaines à Béziers (France), des résul­tats opti­mums puisqu’il per­me­t­tra égale­ment, grâce au sur­plus, d’alimenter le lycée en énergie. C’est une belle prouesse tech­nique que réalisent ces trois entre­pris­es en dévelop­pant ce qui se fait de mieux dans chaque domaine : 158 pan­neaux pho­to­voltaïques de type « couche mince » et dont la puis­sance est de 23,22 kWc pour une pro­duc­tion estimée de 40 MWh, 1 éoli­enne UrWind 2.2 avec un design haute­ment effi­cace de type Dar­ius et Savo­nius qui capte des vents de toutes direc­tions ain­si que les vents tur­bu­lents dont la pro­duc­tion annuelle est estimée à 4 MWh, 1 traite­ment d’eau mem­branaire d’une capac­ité de 500 l/h, soit 12 m³ par jour qui per­met de pro­duire une eau exempte de virus et bac­téries, supérieure aux normes en vigueur.

Tous ces procédés tech­niques sont placés dans un con­tain­er requal­i­fié, isolé et cli­ma­tisé, ce qui a per­mis de le com­pléter avec un pack de bat­ter­ies pour le stock­age de l’énergie. La tech­nolo­gie sélec­tion­née repose sur des piles Gel Plomb (OPzV) cou­plées avec un sys­tème intel­li­gent qui gère l’énergie en temps réel. Ce pro­jet mon­tre la volon­té des entre­pris­es français­es de se posi­tion­ner sur le con­ti­nent africain en offrant les dernières tech­nolo­gies du marché. On peut imag­in­er des appli­ca­tions divers­es pour ce nou­veau pro­duit issu de recherch­es croisées. Les bureaux d’études des entre­pris­es étu­di­ent la pos­si­bil­ité de porter cette solu­tion dans les régions de con­flits per­me­t­tant aux camps de réfugiés d’offrir une meilleure qual­ité d’hygiène. Car si l’eau est un enjeu cru­cial en Afrique, l’énergie a tou­jours été un obstacle.

Nom­breuses sont les ONG ou les entre­pris­es privées qui sont con­fron­tées à la dif­fi­culté d’approvisionnement en énergie. La majeure par­tie des sys­tèmes en fonc­tion­nement en Afrique utilise des groupes élec­trogènes coû­teux en essence et en entre­tien. Cette nou­velle solu­tion prou­ve que les éner­gies renou­ve­lables trou­vent tout leur sens dans la pro­duc­tion d’eau potable en Afrique. La société française Anemoos, déjà présente en Afrique, se fait fort de présen­ter cette nou­velle solu­tion aux régions les plus reculées. L’accueil est très bon et les pos­si­bil­ités mul­ti­ples puisque ce sys­tème se dimen­sionne aux besoins. Anemoos a déjà présen­té cette solu­tion à dif­férents pays de l’Afrique cen­trale où l’intérêt est très vif, dans le but d’apporter à des vil­lages et petites villes de l’eau potable qui serait puisée dans des riv­ières. La demande se fait égale­ment dans l’alimentation en élec­tric­ité per­me­t­tant à ces vil­lages de dévelop­per une activ­ité économique et surtout de mon­ter des écoles du soir pour les jeunes gens ain­si que des ser­vices pour les familles. Anemoos tra­vaille déjà sur plusieurs pro­jets human­i­taires en Afrique et en Amérique latine. L’entreprise, située à Car­ros dans les Alpes-Mar­itimes, a réu­ni un ensem­ble de parte­naires sur trois axes majeurs : énergie, eau et habi­tat social. Selon Karen Mic­mach­er, respon­s­able mar­ket­ing et com­mu­ni­ca­tion d’Anemoos, le prob­lème des pays africains réside dans une triple attente : l’eau, l’énergie et l’habitat. Les besoins et les deman­des des pays con­cernés font ain­si par­tie d’un tout.

À ce titre, de nom­breuses entre­pris­es inter­na­tionales recherchent les solu­tions les plus justes, car il ne sert à rien de con­cevoir des struc­tures à l’européenne, trop coû­teuses et trop frag­iles. Ce nou­veau sys­tème de « mix-énergie » pour traiter l’eau a donc été conçu pour résis­ter à des con­di­tions dif­fi­ciles et ne néces­site que peu de main­te­nance. Le démon­stra­teur instal­lé dans ce lycée maro­cain est équipé de nom­breux cap­teurs qui per­me­t­tront par ailleurs de le suiv­re à dis­tance. À l’heure où le solaire est en crise en France, et alors que l’éolien peine à trou­ver sa place, ce nou­veau sys­tème ouvre à ces trois entre­pris­es un nou­veau marché. Le « mix-énergie » si sou­vent mis en avant par nos poli­tiques, a donc trou­vé ici une forme con­crète. Gageons qu’il servi­ra d’exemple et qu’il sera l’amorce d’une nou­velle piste pour les entre­pris­es du secteur.

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Green Innovation

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