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Nairobi 2018 : pour une économie bleue durable

En 2015, l’ensemble des pays a adop­té le Pro­gramme de développe­ment durable à l’horizon 2030 des Nations unies et ses 17 grands objec­tifs. Trois ans plus tard, en novem­bre 2018, Nairo­bi (Kenya) accueil­lait la pre­mière Con­férence sur l’économie bleue durable. Durant cet événe­ment excep­tion­nel, l’ensemble de la société civile des cinq con­ti­nents a mené des dis­cus­sions stratégiques sur l’avenir des milieux marins, aqua­tiques et lacus­tres et celui d’une planète qui leur est intime­ment liée.

Océans, mers, fleuves, riv­ières et lacs sont les clefs qui per­me­t­tront de rem­plir les objec­tifs fixés par le Pro­gramme des Nations unies de développe­ment durable à l’horizon 2030. Milieux extrême­ment rich­es, ils stim­u­lent déjà la crois­sance économique, la prospérité sociale et la pro­tec­tion de l’environnement. Pour autant, il reste encore d’énormes poten­tiels à exploiter, et ce, de manière durable. Pour l’heure, les activ­ités humaines ont forte­ment dégradé les écosys­tèmes marins et aquatiques.
 
C’est la rai­son d’être de cette con­férence inédite coor­gan­isée par le Cana­da et le Japon, qui a réu­ni près de 18 000 par­tic­i­pants du monde entier, engagés pour créer plus de prospérité de manière durable, en pro­tégeant les ressources en eau. Chefs d’État et de gou­verne­ment, min­istres, maires, gou­verneurs, mais aus­si milieux d’affaires et organ­i­sa­tions inter­na­tionales, sci­en­tifiques et uni­ver­si­taires se sont retrou­vés à Nairo­bi, du 26 au 28 novem­bre 2018.
 
Écolo­gie et économie
 
Cette pre­mière con­férence était une urgence, d’autant que la pop­u­la­tion mon­di­ale vient d’atteindre 7,6 mil­liards d’habitants et devrait pass­er à 9,8 mil­liards à l’horizon 2050. Avec une hausse soutenue de la crois­sance démo­graphique, la demande de biens et ser­vices met­tra de plus en plus de pres­sion sur les ressources halieu­tiques et énergé­tiques. Les risques seraient alors graves non seule­ment pour les écosys­tèmes, mais aus­si pour les pop­u­la­tions qui vivent près des océans et des milieux aqua­tiques. La con­férence de Nairo­bi a donc réaf­fir­mé la néces­sité de faire des efforts dans la ges­tion durable des milieux aqua­tiques et marins, mais aus­si celle de lut­ter con­tre la pau­vreté et d’améliorer la san­té nutri­tion­nelle des populations.
 
Cet immense mou­ve­ment est dou­ble : grâce aux efforts com­muns à tous les niveaux (inter­na­tion­al, nation­al, local), toute la com­mu­nauté inter­na­tionale devra inten­si­fi­er les investisse­ments et exploiter les milieux marins et aqua­tiques pour garan­tir la crois­sance économique, créer de nou­veaux emplois, et donc lut­ter con­tre la pau­vreté. Elle devra s’acquitter de sa tâche en préser­vant les milieux et les écosys­tèmes qui sont men­acés un peu partout à tra­vers le monde.
 
L’objectif de développe­ment no 14 indique que le développe­ment d’une économie bleue durable ne sera pos­si­ble qu’avec le con­cours de tous les acteurs con­cernés. Les ini­tia­tives comme le Com­mon­wealth Blue Char­ter sont forte­ment encour­agées. Cet accord a été signé en 2013 par les 53 pays mem­bres du Com­mon­wealth pour répon­dre aux immenses enjeux écologiques et économiques des océans.
 
Mais la pre­mière grande dif­fi­culté vient du finance­ment pub­lic qui est trop lim­ité pour une économie bleue durable. C’est donc au secteur privé d’intervenir plus mas­sive­ment dans les investisse­ments, aidé par les gou­verne­ments qui créeront le cadre favor­able à de telles inter­ven­tions. Le finance­ment de nou­velles activ­ités liées à la mer per­me­t­tra aux entre­pris­es, surtout les moyennes et les petites, de porter plus facile­ment leurs pro­jets. En out­re, le secteur privé pour­ra, comme le pub­lic, porter et partager les valeurs de cette économie bleue, mais aus­si la respon­s­abil­ité socié­tale et environnementale.
 
Plusieurs journées ont été con­sacrées aux investisse­ments dans l’économie bleue, avec des forums « affaires et secteur privé » durant lesquels des entre­pris­es, des gou­verne­ments et des insti­tu­tions finan­cières ont échangé sur les énormes poten­tiels de cette économie, sur les investisse­ments dans plusieurs secteurs d’activité comme le tourisme, le fret mar­itime et flu­vial, la pêche, sur les finance­ments inno­vants dans les oblig­a­tions vertes (« green bonds », emprunts émis sur les marchés financiers pour financer des pro­jets con­tribuant à la tran­si­tion écologique).
 
La sci­ence et la recherche au ser­vice de l’économie bleue
 
La sci­ence et la recherche sont deux piliers au ser­vice de l’économie bleue durable. La con­férence de Nairo­bi a opté pour une approche totale­ment décloi­son­née, inter­dis­ci­plinaire, ouverte sur les sci­ences bio­physiques, le droit, la poli­tique, la géo­gra­phie humaine et physique, la compt­abil­ité et les finances. L’objectif est de pro­duire un max­i­mum d’informations très pré­cis­es qui seront autant de preuves per­me­t­tant à la force publique de pren­dre la déci­sion qui s’impose et d’orienter ses choix.
 
Plus de 400 sci­en­tifiques et uni­ver­si­taires s’étaient don­né ren­dez-vous à Nairo­bi pour débat­tre, pro­pos­er des solu­tions et partager les résul­tats de leurs recherch­es autour du thème « Plus de sci­ence pour l’économie bleue ». Au pro­gramme de ces trois journées, l’exploitation durable des ressources, les actions pour un cli­mat plus résilient, la con­nex­ion glob­ale et les trans­ports, l’économie bleue et les villes durables.
 
Ce dernier thème a été par­ti­c­ulière­ment mis en valeur. La con­férence s’est en effet intéressée de près à la place des villes et des autres étab­lisse­ments humains. Moteurs de crois­sance économique, ils favorisent égale­ment la prospérité sociale, l’intégration cul­turelle et le tourisme. Ils sont une source de revenus et de développe­ment, mais ils peu­vent aus­si exercer une forte pres­sion sur les milieux marins et aqua­tiques et dégrad­er les écosystèmes.
 
Une ges­tion et une plan­i­fi­ca­tion adéquates des villes et des vil­lages côtiers et lacus­tres réduiront les risques de cat­a­stro­phes et, à long terme, per­me­t­tront de lut­ter plus effi­cace­ment con­tre les change­ments cli­ma­tiques. Dans le même temps, une meilleure ges­tion des déchets, véri­ta­ble enjeu con­tem­po­rain, amélior­era les con­di­tions de vie des pop­u­la­tions et répon­dra aux prob­lèmes de san­té publique dans un grand nom­bre de régions côtières.
 
Enfin, une dis­cus­sion sur la sécu­rité mar­itime a rap­pelé que la cir­cu­la­tion des biens et des per­son­nes n’était pas sans dan­ger, un peu partout sur la planète. Pira­terie, ter­ror­isme et dif­férends entre États pour la sou­veraineté de cer­taines zones mar­itimes sont autant de fac­teurs com­pli­quant des rela­tions inter­na­tionales par­fois déjà ten­dues. Les dis­cus­sions ont réaf­fir­mé l’importance des accords mul­ti­latéraux pour la sécu­rité et la pro­tec­tion des per­son­nes et des marchandises.
 
Face à l’urgence de la sit­u­a­tion, la con­férence de Nairo­bi a voulu réaf­firmer la néces­sité de préserv­er la bio­di­ver­sité et les écosys­tèmes marins, flu­vi­aux et lacus­tres grâce à des actions nova­tri­ces et col­lec­tives. Véri­ta­ble plate-forme stratégique, la con­férence a don­né le cap pour une économie dynamique, sociale­ment inclu­sive et durable pour l’environnement.

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