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Des batteries « made in Europe » ?

Le marché des voitures électriques (VE) est en forte progression. Or, derrière cette envolée, la Chine entre dans une bataille féroce pour les batteries automobiles avec de puissantes entreprises. Face à ce quasi-monopole, la France et l’Allemagne souhaitent lancer une filière 100 % européenne de fabrication de batteries.

Avec des prix de vente à la baisse, le marché des voitures électriques a le vent en poupe. D’ici à 2030, il devrait d’ailleurs atteindre 116 milliards de dollars par an. De quoi aiguiser les appétits. Or, pour l’heure, la Chine se taille la part du lion notamment dans la vente des batteries automobiles. Malgré un marché intérieur en repli, 2,45 millions de VE ont été vendues en novembre 2019.

Dans ce contexte, la France et l’Allemagne ont décidé de créer une filière européenne de fabrication de batteries. L’objectif est double : rattraper le retard et garantir l’indépendance de l’Europe face aux géants asiatiques. Sept pays de l’Union ont déjà donné leur aval pour intégrer cet eurogroupe industriel qui a été récemment officialisé par la Commission européenne.

Un projet hautement stratégique

Le 9 décembre 2019 la Commission européenne a autorisé les États à débloquer 3,2 milliards d’euros d’aides publiques pour constituer une filière européenne de production de batteries pour VE. La Commission européenne a défini ce projet, considéré comme clé dans la croissance économique, la création d’emploi, la compétitivité dans l’Union et qui palliera les défaillances du marché, comme étant un Projet important d’intérêt européen commun (PIIEC). Ce dispositif permet aux États membres de soutenir financièrement les initiatives privées favorables à l’innovation.

Margrethe Vestager, ancienne commissaire à la concurrence (qui a fait trembler Google !), vice-présidente exécutive de la Commission européenne pour une Europe préparée à l’ère numérique, a indiqué : « La production de batteries en Europe revêt un intérêt stratégique pour notre économie et notre société compte tenu de son potentiel en termes de mobilité propre et d’énergie, de création d’emplois, de durabilité et de compétitivité. Nos projets importants d’intérêt européen commun donnent la possibilité aux pouvoirs publics et aux industriels de plusieurs États membres de se rencontrer et d’élaborer des projets innovants ambitieux ayant des retombées positives dans l’ensemble des secteurs industriels et des régions. L’aide autorisée permettra de garantir que ce projet important ira de l’avant sans fausser indûment la concurrence. » Cette annonce intervient au moment même où le secteur des VE et hybrides en Chine poursuit son recul, en partie dû à la baisse des subventions gouvernementales à l’achat.

Berlin et Paris pourront investir respectivement 1,25 milliard d’euros et 960 millions d’euros dans ce projet. Puis suivent l’Italie (570 millions), la Pologne (240 millions), la Belgique (80 millions), la Suède (50 millions) et la Finlande (30 millions).

Pour une large coopération européenne

Ces aides publiques serviront en priorité à investir dans la recherche et développement et l’innovation des différents partenaires industriels dont PSA, Saft, BMW ou Umicore. Au total, la Commission estime que près de 70 partenaires (industries, instituts et organismes de recherche, PME, etc.) liés à ces grands groupes industriels profiteront de retombées économiques substantielles. D’autre part, la décision de lancer ce projet permet de rassurer les investisseurs européens, notamment privés, qui pourraient représenter cinq milliards d’euros. Maros Sefcovic, vice-président chargé de la prospective, explique : « En privilégiant le renforcement de l’innovation dans le cadre de l’initiative European Battery Alliance, nous créons de solides partenariats industriels. Grâce aux efforts intenses menés par sept États membres, l’industrie et la Commission, le premier grand écosystème de batteries paneuropéen voit le jour et compte des projets pilotes dans tous les segments de cette chaîne de valeur stratégique. Nous avons trouvé la bonne formule pour notre politique industrielle du XXIe siècle. »

Les investissements seront prioritairement injectés dans la recherche et développement des nouvelles générations de batteries Li-ion qui, grâce aux nouvelles technologies, auront une durée de vie plus longue, des temps de recharge plus courts et un impact sur l’environnement limité, facteurs capitaux pour les fabricants de VE, mais aussi pour les acheteurs potentiels. Cela implique des changements dans l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’extraction des minerais au recyclage des batteries en passant par la production des matériaux chimiques.

La Commission européenne a précisé que l’innovation visera aussi en particulier « à améliorer la durabilité environnementale à tous les stades de la chaîne de valeur des batteries. Le but est de réduire l’empreinte carbone et la quantité de déchets produits aux différents stades de la production ainsi que de mettre au point un démantèlement, un recyclage et un raffinage durables et respectueux de l’environnement conformément aux principes de l’économie circulaire ».

La France, par la voie de son ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a souligné cette « bonne nouvelle » pour l’emploi et « la souveraineté économique et technologique de l’Europe ». Cette nouvelle filière permettra également à l’Union européenne d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. 

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