EcoLogistics. Le bilan de la 4e édition en 2020 a été excellent. Qu’est-ce qui fait d’Euromaritime un salon incontournable de la croissance bleue ?
Hugues d’Argentré. Euromaritime est effectivement devenu un évènement signifiant. C’est en fait le plus gros salon maritime civil en France, car nous avons également le volet militaire avec Euronaval. La France est un grand pays maritime et d’industrie navale, et Euromaritime est un salon à la hauteur de ses ambitions, mais aussi un outil lui permettant de maintenir et de faire croître son économie. Notre choix de venir à Marseille était le bon. Nous avons eu un accueil très positif. Nous espérons réitérer ce succès en 2022, même si les conditions sont un peu plus difficiles. Euromaritime est un actif commun de la puissance maritime française. Nous avons une très belle Marine nationale et de très belles industries navales. Il est néanmoins nécessaire d’organiser des évènements pour rayonner. C’est également important pour, d’une part, attirer les gens intéressés afin de leur exposer le savoir-faire français et, d’autre part, donner un cadre favorable aux interactions entre les différents acteurs du secteur.
Quels seront les temps forts de cette 5e édition ?
Le premier temps fort est, d’une certaine manière, politique. Nous serons en effet à trois mois de l’élection présidentielle. Nous espérons que cela aura un effet de sensibilisation des candidats au fait maritime. Euromaritime doit ainsi apporter sa contribution, non pas partisane, mais sur les grandes questions de fond, car le sujet maritime est un sujet économique et politique extrêmement important.
Deuxième point important, pour la première fois, nous mettrons un pays à l’honneur : la Tunisie. Nous souhaitons que ce salon soit une place majeure pour l’économie maritime méditerranéenne, raison pour laquelle nous avons invité plusieurs pays méditerranéens. Mais cette mise à l’honneur d’un pays maritime, méditerranéen et qui s’engage dans la transition écologique et énergétique est une première pour Euromaritime. La Tunisie s’est d’ailleurs dotée d’un secrétariat général des Affaires maritimes, exact équivalent de notre secrétariat général de la Mer. Cela montre le souhait des Tunisiens de faire de la mer un axe majeur de leur développement.
D’un point de vue technique/technologique, la filière cybersécurité sera pour la première fois mise en avant. Elle sera intégrée dans l’espace SEAgital qui proposera des solutions en matière de cybersécurité, mais également les dernières applications du numérique en faveur de la digitalisation du maritime.
Enfin, notons que la ministre de la Mer, madame Annick Girardin, inaugurera le salon le 1er février 2022.
Toutefois, n’oublions pas que ce salon est d’abord un évènement business, avec des stands et des échanges en BtoB. Les acteurs du secteur maritime y viennent pour se rencontrer après un an et demi de pandémie, et cela est très important dans le contexte actuel.
Comme lors des éditions précédentes, il y aura bien sûr de nombreuses conférences et des tables rondes sur les enjeux de l’économie maritime en général et méditerranéenne en particulier, de la construction navale, du transport maritime, du secteur portuaire, de la transition énergétique et de la protection des mers. Ces sujets sont pertinents et très importants et nous sommes très enthousiastes à l’idée de les développer lors de cette 5e édition.
Euromaritime fait une place importante à l’innovation. Pouvez-vous nous parler de SEAnnovation ?
Il s’agit d’un espace que nous mettons à la disposition des start-up à un tarif très préférentiel. Pour le salon, c’est un effort financier et humain non négligeable, mais c’est très important de mettre ces start-up en avant ; c’est utile.
Autre défi, nous ne souhaitons pas faire venir les mêmes start-up à chaque édition. Nous privilégions donc les nouveaux entrants.
Ces start-up vont pouvoir présenter leurs innovations aux visiteurs. De plus, nous mettons à leur disposition un espace pour des « pitchs ». Ainsi, des présentations seront organisées tous les jours.
Nous avons également prévu de faire venir d’éventuels financeurs, des structures intéressées par les start-up. Pour ces dernières, c’est l’occasion de rencontrer de grandes entreprises, de se faire connaître et de trouver des financements pour poursuivre leurs activités et continuer de croître. Tel est notre objectif. Enfin, la présence de ces entreprises apporte un vent de jeunesse et d’enthousiasme sur le salon. C’est très important pour nous.
On parle de plus en plus du « Green Blue Deal ». Où en est le transport maritime dans ce domaine ? Euromaritime consacre une partie importante de cette édition à ce thème, n’est-ce pas ?
Pendant 50 ans, personne ne s’est préoccupé de pollution et de carburant lourd. Aujourd’hui, ce sujet est central. Tous les armateurs, soit par conviction, soit par obligation, procèdent à une véritable mutation du transport maritime et de l’énergie. Plusieurs solutions existent. Il y a d’abord eu les « scrubbers », puis l’arrivée du GNL (gaz naturel liquéfié). Ce n’est pas la panacée. De l’avis de beaucoup de professionnels et de spécialistes, c’est une solution transitoire. Toutefois, le gain est énorme. Le GNL sous-tend le problème du renouvellement des flottes. Toutes les compagnies ont opéré ce changement. Il y a également l’électrification pour l’alimentation à quai, mais cela ne concerne que certains navires. Enfin, il y a l’hydrogène, qui se dessine comme la solution d’avenir. Bien sûr, les questions de la production et du stockage de l’hydrogène se posent, mais on voit bien que cette énergie est prometteuse.
Ce sujet concerne les armateurs, les chantiers navals et les ports. À Euromaritime, nous avons une conjonction de présences et de dialogues entre ces acteurs. Ce sujet est donc très pertinent et sera bien sûr traité lors de la 5e édition.
