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H2X Ecosystems : répondre aux problématiques des territoires grâce à l’hydrogène

Hydrogen+. H2X Ecosystems développe deux types d’écosystèmes : un pour le public et un pour les entreprises. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces deux secteurs de développement et les solutions que vous proposez ?

Stéphane Paul. H2X Ecosystems est née autour d’un modèle économique. L’idée de départ était de créer de la valeur dans les territoires et de faire en sorte que cette valeur y reste. Il ne s’agissait plus de parler de « transition écologique », mais bien de « transformation écologique ». Cela voulait dire travailler sur de nouveaux modèles économiques et revoir la manière de répondre aux problèmes de chaque territoire. L’hydrogène a été la réponse, comme à Redon, où se posaient les questions de la mobilité des personnes âgées, de l’accès à l’emploi ou encore de la redynamisation des centres-villes avec le problème des plates-formes logistiques situées à l’extérieur de la ville.

À partir de ce constat, nous avons travaillé sur des solutions de mobilité, mais aussi de supply chain avec un véhicule hybride solaire et hydrogène. Au sein même du véhicule, nous avons développé des systèmes pour le remplissage de l’hydrogène, sa chaîne d’approvisionnement et sa traçabilité. Nous avons également imaginé et créé une pile à combustible et un réservoir amovible connecté. Ainsi, avec une flotte de véhicules, il est possible de répondre aux enjeux de mobilité et de livraisons du dernier kilomètre. L’hydrogène est produit localement et en grande quantité grâce à des énergies renouvelables. C’est exactement ce que nous avons fait à Redon. La société MHOOVE a d’ailleurs été créée pour gérer les flottes de véhicules et offrir différents services.

Aujourd’hui, l’objectif est aussi de travailler avec les magasins, les artisans et les industriels. L’hydrogène est produit pour les voitures, mais aussi pour les bennes à ordures, les camions, les bus et les industries. Cela permet de travailler sur l’effacement dans les entreprises (réduction de la consommation physique d’un site en cas de déséquilibre entre l’offre et la demande d’électricité), mais en substituant un générateur à hydrogène au générateur diesel.

En fait, au lieu de produire de l’hydrogène d’un côté et de gérer la mobilité de l’autre, avec ce projet, nous faisons les deux en même temps. La société de territoire produit et distribue l’hydrogène et s’occupe des services de mobilité et de supply chain. Nous avons ainsi un chiffre d’affaires plus important grâce à la mobilité, ce qui nous permet de réduire le prix de l’hydrogène. À Redon, nous sommes autour de six euros le kilo sans subvention, quand d’autres sont à 14 euros le kilo avec subventions.

Pour l’industrie, c’est exactement le même procédé. Une entreprise est un écosystème en tant que tel. Sur son site de production, nous trouvons la meilleure solution pour produire l’hydrogène. Nous utilisons l’hydrogène et l’écoproduit pour rendre le site autonome en énergie. Le trop-plein d’hydrogène est injecté dans d’autres solutions, comme les moyens de manutention ou les véhicules. Pour l’écoproduit, nous utilisons l’oxygène issu de l’électrolyse pour le traitement de l’eau ou l’emballage alimentaire. Il y a aussi le vaporeformage à partir du bioGNL. Cela permet de valoriser le CO2. Aujourd’hui, avec l’augmentation du prix de l’énergie, ce modèle est de plus en plus vertueux.

Pouvez-vous nous parler de votre générateur de 350 kW ? Peut-il être utilisé dans des environnements différents (industriel, portuaire, etc.) ?

Celui-ci va être testé par Enedis. L’objectif est de travailler directement sur les réseaux électriques pour remplacer les générateurs diesel. Nous effectuerons d’autres tests à Saint-Nazaire et au Havre pour l’alimentation des bateaux à quai et d’autres usages. Nous développons par exemple une offre de services pour la livraison d’énergie grâce à ce générateur. Nous garantissons aussi l’origine de l’hydrogène. Pour les ports qui doivent se préparer à la fiscalité carbone dès 2025, cette solution est très pertinente. Saint-Nazaire mais aussi Le Havre sont intéressés. Nous avons d’ailleurs reçu le label Smart Ports City du Havre et de Monaco. Notre générateur a une puissance de 350 kW, mais les ports nous demandent de travailler sur du 500 kW et du mégawatt. Les études pour ce nouveau générateur plus puissant ont d’ailleurs déjà été réalisées. Ce générateur intéresse aussi les entreprises de l’écosystème portuaire. Enfin, nous le développons également pour l’alimentation des avions.

Notons aussi les data centers qui constituent nos nouveaux clients. Tout comme le générateur lui-même, un data center produit beaucoup de calories. Notre objectif est de les réutiliser pour différentes applications. Nous réalisons des études d’implantation avec plusieurs data centers. Nous validons le lieu d’implantation là où il y a des énergies renouvelables, des besoins en chaleur et en écoproduit autour de l’hydrogène. De ce fait, nous améliorons le modèle économique.

Vous vous inscrivez totalement dans les territoires. Comment travaillez-vous avec les collectivités territoriales, et notamment la région Bretagne ?

D’une manière générale, le système français est très cloisonné (énergie, mobilité, etc.). Cela a été très différent à Redon, car le directeur général des services a eu une vision transversale. Lorsque nous avons fait l’étude du territoire, nous nous sommes entretenus avec les entreprises, les écoles, les EPHAD et les hôpitaux, et nous avons travaillé avec les associations du territoire. Cela nous a permis de dimensionner tout l’écosystème (nombre et type de véhicules, etc.). Nous avons également travaillé avec des industriels pour désigner ceux qui s’occuperaient de la maintenance des véhicules.

Nous souhaitons également impliquer les citoyens. C’est pourquoi nous avons énormément communiqué dans les écoles et organisé des universités citoyennes et des réunions pour expliquer notre modèle économique. Nous avons également créé le « living lab des territoires en transformation » Ar Nevez qui réunit notamment le cluster Eco-Origin, le CHEDD (Collège des hautes études du développement durable) Bretagne et UniLaSalle EME (école des métiers de l’environnement) pour la formation. Tous ces travaux ont été réalisés avec le campus de Redon et plusieurs écoles à Rennes, comme Sciences Po.

Nous travaillons également sur le projet AILB (Alliance inter-métropolitaine Loire-Bretagne) qui regroupe treize agglomérations des régions Bretagne et Pays de la Loire. Nous organisons des réunions avec les maires et les présidents d’agglomération pour leur expliquer notre modèle économique, ce qui permet d’avancer et de faire fructifier le modèle de manière globale. Des industriels sont d’ailleurs intéressés dans les deux régions. En effet, notre générateur participe à l’amélioration du bilan financier des entreprises du territoire, étranglées par le prix de l’énergie.

À propos de l'auteur

Stéphane Paul

H2X Ecosystems.

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