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BioRenGaz : produire vite et bien

La société BioRenGaz a breveté un procédé de méthanisation compact et performant avec un temps de passage rapide des effluents et avec des colonies de bactéries… bien ancrées. Augmentation de production d’une méthanisation existante, méthanisation de site industriel ou de collectivité et même traitement d’eaux usées, cette nouvelle approche s’adapte à de nombreuses configurations.

« J’ai travaillé pour un constructeur à la mise en place d’unités de méthanisation, explique Jonathan Fritsch, fondateur de BioRenGaz, spécialisé en environnement et en biotechnologie. Ce constructeur ayant fermé, j’ai été embauché directement par l’agriculteur chez qui avait été installée cette unité, pour son exploitation. Cette dernière fonctionnait par procédé discontinu Batch : les digesteurs étaient remplis puis vidés séquentiellement avec des intrants solides entraînant une variation de la production de biogaz. Je me suis alors aperçu que l’incorporation d’intrants de type “liquide/pulpeux” donnait de fortes productions de biogaz sur un temps court. Les bactéries se développaient et se concentraient sur les parties ligneuses pour s’y accrocher et permettre cette production. »

Colonies de bactéries

« Un brevet a été déposé portant sur le support de culture du procédé innovant avec l’utilisation d’intrants de type pulpe issus de déchets et non de cultures spécifiques. Le procédé libère leur potentiel méthanogène rapidement. Le temps de séjour est donc court (21 jours maximum) dans un réservoir spécial mesurant 4 m de diamètre sur 12 m de hauteur, soit 80 m3 permettant de valoriser 1 000 à 2 000 m3/an. L’intrant est introduit par le bas et poussé par flux ascensionnel. Le surplus est évacué par débordement dans une cuve de gestion des liquides pour être soit réintroduit partiellement, soit stocké comme digestat ; le tout avec une simple pompe d’alimentation, sans agitateur, avec une dépense énergétique très faible. Pour optimiser la production de biogaz, nous avons eu l’idée de nous servir de morceaux de bois comme support de culture des bactéries. Elles se greffent littéralement sur ces supports, créent un biofilm et constituent ainsi des colonies concentrées et résistantes qui permettent une production de biogaz quatre fois supérieure à temps équivalent. »

« Notre gamme de méthanisation haute densité s’adapte très bien à des déchets alimentaires – fromagerie, viticulture, brasserie, agroalimentaire – avec une production d’énergie (valorisation sur site possible) et d’engrais tout en permettant des économies d’énergie sur le traitement des déchets et une amélioration du bilan carbone des industries. Les performances de notre gamme haute densité ont été validés et ont même dépassé la production escomptée, sur un pilote de 15 m3 avec équipement industriel. Le temps de séjour de 21 jours a permis d’exprimer 90 % du potentiel méthanogène. »

« Avec un grand groupe spécialisé dans le traitement de l’eau, nous avons validé des performances avec une gamme basse densité énergétique sur le même principe, mais avec des intrants moins concentrés en matière (eaux usées) et donc des volumes plus importants (× 8, soit environ 8 000 m3/an) à faire traiter par nos bactéries pour une même quantité de biogaz. Un temps de séjour de seulement deux jours a permis d’exprimer 75 % du potentiel méthanogène. »

Thermophile et hygiénisation

« Notre procédé thermophile fonctionne à 55 °C et permet d’accueillir les déchets directement en sortie d’unité d’hygiénisation. La technologie permet d’effectuer une augmentation de puissance et/ou une mise en conformité. En effet, la nouvelle législation européenne va interdire de mélanger des matières hygiénisées sur site (biodéchets) et non hygiénisées (effluents d’élevage) dans un même digesteur. Une synergie a été identifiée avec la société Viwade, spécialisée dans le traitement des déchets par hygiénisation, pour intégrer le prétraitement dans notre process. Nous avons déjà travaillé ensemble, et cette dernière est finalement entrée dans le capital de BioRenGaz, ce qui nous permet d’accéder à son expertise reconnue en matière de biodéchets et de proposer le cas échéant ses unités d’hygiénisation. Ces derniers fonctionnant à 70 °C, ils fournissent la majorité de la chaleur nécessaire à la méthanisation. Et la chaleur ainsi récupérée permet un bilan énergétique avec hygiénisation très performant, avec une consommation réduite et des coûts opérationnels réduits de 75 %. »

« Notre procédé est adapté pour augmenter la puissance d’une méthanisation existante : il peut être installé en parallèle des digesteurs en mutualisant ainsi l’investissement des équipements périphériques, le tout en prenant très peu de place (dix fois moins qu’une méthanisation classique). Il permet, en complément, de traiter des biodéchets de manière séparée avec hygiénisation pour répondre à la législation. Nos unités peuvent être démultipliées selon la quantité de matière à traiter et produisent quatre fois plus de biogaz par unité de volume et par unité de temps qu’un digesteur classique. Nous travaillons avec un laboratoire pour le retour au sol. Les premiers résultats montrent que le digestat issu des biodéchets a une plus forte concentration en NPK. »

« Notre technologie de méthanisation permet d’optimiser les bénéfices de nouvelles installations et d’améliorer ceux d’installations existantes. Elle augmente la puissance et permet la mise en conformité. »

Attention législation

L’arrêté ministériel du 9 avril 2018 prévoit des changements pour les unités de méthanisation. Seules les installations ICPE 2781–2 sont autorisées à valoriser les biodéchets alimentaires. Les installations valorisant historiquement les effluents d’élevage non hygiénisés (dérogation) et les déchets alimentaires C3 hygiénisés sur site dans un même digesteur doivent effectuer une mise en conformité avant 2023. La collecte des biodéchets alimentaires mélange déchets de cuisine et de table, denrées animales ou d’origine animale. Or ce mélange n’est pas éligible à l’envoi en usine agréée de biogaz avec dérogation.

En fait, les biodéchets hygiénisés sur site et les effluents d’élevage non hygiénisés ne peuvent plus être valorisés dans un même digesteur sans mise en conformité.

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