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La moitié de la demande européenne d’hydrogène proviendra des zones portuaires d’ici à 2050

La production d’hydrogène en mer grâce aux éoliennes offshore soulève-t-elle des problèmes de sûreté et sécurité ? Le rapport du Clean Hydrogen Partnership (CHP) de Deloitte, paru mi-avril 2023, prévoit en effet que la moitié de la demande européenne d’hydrogène proviendra des zones portuaires d’ici à 2050. Un succès doublé d’un challenge pour l’European Hydrogen Ports Network.

Le colloque « Indépendance énergétique : Comment assurer la sécurité des parcs éoliens en mer ? » organisé avec l’Institut de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques, le Centre d’études stratégiques de la marine et energiesdelamer.eu. s’est tenu en janvier 2023. À cette occasion, MerVeille Énergie #12 a étudié les risques liés à la filière hydrogène, promise à une forte croissance. Selon Jean-Claude Lewandowski, rédacteur en chef de MerVeille Énergie, des problèmes de sécurité émergent, parce que la production et le stockage de ce gaz s’effectueront le plus souvent dans le cadre des infrastructures portuaires et à terme dans le même environnement que celui de l’électricité éolienne. Certains acteurs envisagent d’ailleurs de produire de l’hydrogène décarboné directement avec de l’électricité produite en mer.

Des risques spécifiques
Liés à la nature même de l’hydrogène, et comme le rappelle l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques), « L’hydrogène est un gaz hautement inflammable, très réactif et qui nécessite d’être porté à haute pression pour être stocké et transporté dans des conditions économiquement viables. »

Les risques de fuite sont également réels. Des phénomènes de fragilisation des métaux des canalisations ont été observés. Un rapport d’inspection commandé par le gouvernement et publié en 2022 recommande d’ailleurs de « bien prendre en compte la dimension sécurité dans les projets industriels qui émergent autour de l’hydrogène. »

Toujours selon le même rapport de l’Ineris mentionné dans MVE#12 : « Nul ne sait prédire aujourd’hui l’évolution des prix de l’électricité, (et donc du coût de production de l’hydrogène par électrolyse) dans les prochaines années, ni à quel rythme la “massification” de la fabrication des équipements (électrolyseurs, piles à combustible, réservoirs…) permettra d’en baisser les coûts. »

De nombreux ports concernés 

Les ports du Havre, de Nantes Saint-Nazaire, partenaire du démonstrateur Sealhyfe, de Marseille, de Dunkerque sont engagés dans ce processus ainsi que le futur et innovant port de Qair en région Occitanie à Port-la-Nouvelle, qui se veut à la fois celui de l’éolien flottant et à terme, celui de l’hydrogène vert, lorsque la fabrication des parcs d’éoliennes flottantes en Méditerranée sera passée du stade de l’implantation à l’activité.

Le port de Nantes-Saint-Nazaire à Montoir-de-Bretagne

Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé en novembre 2022 sur la mise à disposition d’un foncier situé au cœur de l’écosystème portuaire industriel et logistique, à Montoir-de-Bretagne, pour accueillir un projet d’implantation d’une activité de production industrielle d’hydrogène renouvelable. Dans ce cadre, Lhyfe construira une unité industrielle d’une capacité de production de 85 tonnes par jour d’hydrogène vert et renouvelable (capacité installée d’électrolyse de 210 MW) au nord du terminal multivrac. Ce site devrait voir le jour dès 2028. Ce projet contribuera à la décarbonation du complexe industrialo-portuaire et du transport maritime. Il s’inscrit en cohérence avec le programme d’actions de développement d’une ZIBaC (Zone industrielle bas carbone), portée par l’Association des Industriels Loire Estuaire (AILE), Saint-Nazaire Agglomération, la Communauté de communes Estuaire et Sillon et la Région des Pays de la Loire.

La sécurité, une cause commune

Hydrogène, parcs éoliens en mer et installations portuaires sont et seront donc de plus en plus liés. Ils font, d’une certaine façon, cause commune, y compris sur le plan de la sécurité. De ce point de vue, l’identification précise des responsabilités de l’État, des opérateurs et des industriels est importante, que ce soit pour le secours aux personnes, la gestion des accidents, l’ordre public ou les atteintes à l’environnement.

Extrait de l’enquête parue dans le trimestriel MerVeille Énergie #12, https://www.energiesdelamer.eu/merveille-energie/

Vous pouvez voir ou revoir le colloque « Indépendance énergétique : comment assurer la sécurité des parcs éoliens en mer ? » sur energiesdelamer.eu.

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